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CHRONIQUES
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22 décembre 2024
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Depuis son accession à la tête du festival de Salzbourg en 2002, après la décennie Mortier, Peter Ruzicka n'a pas vraiment réussi à marquer les esprits, et risque de ne pas rallier tous les suffrages l'été prochain avec une programmation opératique indigne du plus réputé festival lyrique de la planète. On sait qu'il prépare pour 2006, avant de se retirer, un ambitieux jubilé Mozart avec l'intégralité des vingt-deux ouvrages lyriques du compositeur sur un seul été, à l'occasion du 250e anniversaire de sa naissance. On sait aussi que 2005 sera une année particulièrement handicapante pour le festival suite à la fermeture complète du Kleines Festspielhaus pour rénovation. Pour autant, et malgré les coupes sombres opérées par le FPÖ dans les subventions publiques, on a du mal à s'expliquer une programmation aussi pauvrette.
Une programmation opératique pauvrette
Aux côtés de la reprise du Così des Hermann toujours sous la baguette de Philippe Jordan, le festival proposera quatre nouvelles productions : la Traviata mise en scène par Willy Decker et dirigée par Marcello Viotti, avec l'incontournable Anna Netrebko que bombarde à qui mieux mieux Deutsche Grammophon ; la Flûte enchantée mise en scène par Graham Vick et dirigée par Riccardo Muti ; Mitridate de Mozart par Günter Krämer, Marc Minkowski et Les Musiciens du Louvre ; enfin, poursuivant l'exploration du répertoire des opéras « dégénérés », le festival 2005 proposera Die Gezeichneten (Les Maudits) de Franz Schreker par Nikolaus Lenhoff et Kent Nagano.
Deux opéras seront présentés en version de concert : Alceste de Gluck sous la direction d'Ivor Bolton, et Mazeppa de Tchaïkovski par Valery Gergiev et ses troupes du Kirov. Qu'est-il advenu de la Daphne de Strauss annoncée à la conférence de clôture du festival 2004, prévue aussi en version de concert avec Semyon Bychkov et Renée Fleming ? Nul ne le sait ! En tout cas, le Philharmonique de Vienne, n'assurant l'été prochain que trois des productions d'opéra, pourra un peu respirer à Salzbourg, ce qui ne lui était pas arrivé depuis des lustres.
Une série de concerts exceptionnels
C'est du côté des concerts qu'il faudra se tourner pour être pleinement consolé du tarif exorbitant des places. Les cinq programmes du Philharmonique de Vienne seront partagés entre Thielemann pour un concert Richard Strauss, Daniele Gatti pour la 4e symphonie de Mahler, Riccardo Muti pour la 5e de Beethoven, Valery Gergiev pour l'Ile des Morts de Rachmaninov et Shéhérazade de Rimsky-Korsakov, et enfin Harnoncourt pour une reprise très attendue de la 5e de Bruckner donnée à Vienne en juin 2004. Les deux programmes du Philharmonique de Berlin comprendront notamment Daphnis et Chloé de Ravel en version intégrale ainsi que l'Héroïque de Beethoven, le tout sous la baguette du patron de Berlin Sir Simon Rattle.
On pourra aussi compter sur les prestations d'orchestres invités comme le Deutsche Symphonie Orchester de Berlin pour une 6e de Bruckner par Kent Nagano, la Staatskapelle de Dresde sous la direction d'Esa Pekka Salonen pour les Métamorphoses de Strauss et le Mandarin merveilleux de Bartók, le Concertgebouw d'Amsterdam pour la 6e de Mahler avec son nouveau chef Mariss Jansons, et le Radio Symphonie Orchester de Vienne pour la Turangalila de Messiaen par Bertrand de Billy.
Enfin, le festival affichera toujours son lot de matinées Mozart et autres concerts de musique de chambre, de prestigieux récitals de piano : Arcadi Volodos, Alfred Brendel, Ivo Pogorelich, Lang Lang, Maurizio Pollini, ainsi que les Liederabende de Michael Schade, Diana Damrau, Thomas Hampson, Matthias Goerne ou encore Sophie Koch.
Une fois n'est pas coutume, on se dirigera donc vers Salzbourg l'été prochain plus pour ses programmes instrumentaux que pour des productions d'opéra un peu maigres.
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