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CHRONIQUES
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21 décembre 2024
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Au Ballet de l'Opéra de Paris, il faut parfois savoir attendre. Les nominations, c'est vrai, peuvent vous tomber dessus de manière inopinée, comme ce fut le cas pour Mathieu Ganio. À 32 ans, Jérémie Bélingard est en pleine maturité et pourra assumer son titre d'Étoile et toutes les responsabilités qu'il implique en connaissance de cause. Entré à l'École de Danse en 1987, dans le corps de ballet en 1993, il était Premier Danseur depuis 2001, dans ce purgatoire d'où l'on n'est jamais certain de sortir étoilé.
Pourtant, Jérémie Bélingard avait tenu avec tous les honneurs bon nombre de grands rôles du répertoire aussi bien classique que contemporain. En 2002, il avait abordé brillamment ce Basilio de Don Quichotte qui vient de lui valoir sa nomination, tout comme il avait été l'Acteur vedette, prince charmant de la version Noureev de Cendrillon, qu'il sera à nouveau dans quelques jours.
On a pu l'applaudir aussi bien dans les ballets de Forsythe ou de Kylián que de Gallotta ou de Balanchine, de Lacotte ou de Robbins, de Carlson ou de Béjart. Il fut aussi au centre de la création de Wuthering Heights de Kader Bélarbi et du Caligula de Nicolas Le Riche, tout comme du Clavigo de Roland Petit. Dans le répertoire de ce dernier, il s'est particulièrement illustré dans le Jeune homme et la mort et dans l'Arlésienne dont il reste une des incarnations les plus marquantes de Frédéric.
Physique agile devenu plus athlétique avec les années, tête de berger grec, volontiers rieur, sympathique, Jérémie Bélingard est un bel artiste tout à fait typique de cette nouvelle génération polyvalente, aussi à l'aise dans tous les styles, désireuse de voyager autant dans le grand répertoire maison que dans tout ce qui peut se créer. Il est d'ailleurs lui-même l'auteur d'une chorégraphie, Parade, présentée en 2003 dans le cadre du spectacle des Danseurs Chorégraphes à l'Amphithéâtre Bastille.
Sa technique est complète, sure, spectaculaire quand il le faut, et on ne peut donc que se réjouir de le voir rejoindre ce petit groupe très envié et enviable des Étoiles, groupe que vont bientôt quitter Kader Bélarbi et Wilfried Romoli. Jérémie a maintenant dix belles années au sommet devant lui, pour rayonner tant dans la compagnie que dans le monde, avec cette liberté lourde d'une immense tradition que confère ce titre unique au monde d'Étoile de l'Opéra de Paris.
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