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CHRONIQUES
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21 décembre 2024
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Il y a incontestablement l’avant et l’après Cunningham. Après avoir débuté très jeune dans des spectacles de vaudeville, il travaille le théâtre puis la danse avec la technique Graham. Après sa rencontre en 1938 avec le compositeur John Cage qui débute une collaboration d’un demi-siècle, il danse chez Martha Graham jusqu’en 1945, commençant à chorégraphier solos et pièces de groupe dès 1940, avec John Cage, et s’écartant déjà de toutes les écoles connues, y compris celle de Graham. En 1953, il crée sa propre compagnie dont Cage est le directeur musical. Ils collaboreront au fil des années avec de nombreux créateurs américains d’avant-garde de toutes disciplines, chorégraphes comme Viola Farber ou Paul Taylor, musiciens électroniques ou plasticiens comme Andy Warhol.
Très vite, Cunningham brise les données de base de la danse classique et néoclassique dans plusieurs domaines, notamment ceux du rapport à la musique et de la structure scénique des pièces. Plus question de répartitions géométriques régulières en ensembles égaux et en diagonales, ni de variations et autres pas de deux ou pas de quatre, mais chaque danseur est considéré comme un soliste évoluant selon sa propre chorégraphie ou ses improvisations, souvent de manière aléatoire, les musiques employées et introduites après la réalisation de la chorégraphie l’étant souvent aussi.
On peut également tirer au sort juste avant le lever du rideau dans quel ordre la musique sera jouée et qui dansera quoi. C’est donc tout une conception révolutionnaire de l’idée de pièce chorégraphique qui s’affirme, dans un style de danse d’une extrême pureté, sur la base d’un travail très spécifique, assez cérébral, mais gérant de manière nouvelle le rapport du corps au sol et à l’espace. On prend des cours de Cunningham comme des cours de Martha Graham, ce qui est le signe d’un travail à nul autre semblable.
En 1964, très discutée aux États-Unis, la compagnie effectue sa première tournée en France et y remporte un succès qui sera d’une importance primordiale dans sa vie jusqu’à aujourd’hui et contribuera beaucoup à sa reconnaissance universelle. Riche de plus de cent cinquante pièces, le répertoire Cunningham a été accueilli par de nombreuses compagnies classiques comme l’Opéra de Paris, le New York City Ballet, l’American Ballet Theater, le Ballet Cullberg, le Ballet Rambert, le Ballet de Boston.
La très grande majorité des chorégraphes contemporains reconnaissent Merce Cunningham comme un maître incontournable auquel ils se sont référés à un moment ou à un autre de leur travail ou de leur création en raison de la liberté qu’il prônait et incarnait, de son sens du spectacle et de son implication personnelle dans la mouvance générale des créateurs contemporains d’avant-garde.
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