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CHRONIQUES
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21 novembre 2024
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Sénéchal eut un parcours assez classique, débuts dans des chorales scolaires et religieuses, puis Conservatoire National Supérieur de Paris, et début en 1950 sur la scène de la Monnaie de Bruxelles, ville où il vécut trois ans, jusqu’à ce que le 1er Prix du Concours de Genève de 1952 ne change le cours de sa carrière, car Gabriel Dussurget, fondateur et directeur du Festival d’Aix-en-Provence, l’engage alors pour chanter dans les années qui suivent de multiples rôles de ténor des répertoires italien et français. Voix claire, technique parfaite, élocution exemplaire, remarquable talent de comédien, excellent musicien, Michel Sénéchal s’impose très vite même s’il n’a pas le timbre ni la stature d’un Gedda. En 1956, il chante à Aix le rôle de Platée de Rameau sous la baguette de Hans Rosbaud et ce sera son rôle fétiche jusqu’à la fin de sa carrière sur les plus grandes scènes lyriques. Il est aussi de la création du Montségur de Marcel Landowski en 1985, du Doktor Faustus de Konrad Boehmer et du Saint-François d’Assise d’Olivier Messiaen en 1983.
Sa connaissance exceptionnelle de la technique du chant et du respect dû au texte en ont fait un professeur très recherché, et il a enseigné notamment à l’École de chant de l’Opéra national de Paris qu’il a dirigée aussi jusqu’en 1994. Très apprécié des plus grands chefs comme Herbert von Karajan ou Georges Prêtre, il aura couvert un très vaste répertoire allant du grand opéra à l’opérette, de Rameau à Offenbach, mais aussi aux mélodies de Francis Poulenc entre autres. Il était doté d’un humour percutant dans la vie courante, adorait rire de tout et de son contraire, mais savait avoir une écoute intense lorsqu’il faisait partie d’un jury. J’ai une fois partagé avec lui cette responsabilité et pu constater avec quelle précision mais aussi quel respect et quelle diplomatie il expliquait à ceux qui avaient réussi comme aux autres, comment il fallait maintenant qu’ils tirent partie de cette expérience. Un exceptionnel exemple de pédagogie intelligente.
C’est un vrai défenseur et connaisseur du chant qui disparaît avec lui, et un grand serviteur de notre langue chantée.
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