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CHRONIQUES
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21 novembre 2024
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Grande soirée romantique le samedi 7 juillet en l’église de Pervenchères par le Trio Talweg dans un programme Beethoven-Brahms, avec un détour par l’original contemporain Mikel Urquiza. Romain Descharmes au piano, Sébastien Surel au violon et Éric-Maria Couturier au violoncelle ont d’abord proposé avec un engagement total, une qualité de son, une homogénéité, une fusion idéales entre les trois instruments, le Trio en ut mineur op. 1 n° 1 de Beethoven. De la musique de chambre à l’état pur et du romantisme d’un élan généreux, porteur de sensations et de sentiments multiples, souvent en contraste mais toujours délivrés avec ardeur dans des structures d’une formidable rigueur.
On dit souvent que dans un grand chœur vocal, ce qui donne du corps et du relief est la qualité des voix de basse. Nous pensons que dans un ensemble de chambre, le violoncelle est à cet égard fondamental aussi, même si le piano demeure un peu la colonne vertébrale du tout. Mais ici, on a particulièrement apprécié la forte présence d’Éric-Maria Couturier, sonorité large, chaude, tenue d’archet impeccable et efficace, vibrato magistralement contrôlé. Il n’a pas écrasé les autres, mais a été le pilier central des savantes astuces de l’écriture beethovénienne puis du Trio n° 2 en ut majeur op. 87 de Brahms, autre aspect d’un romantisme fougueux et tourmenté.
Et entre les deux, comme une respiration dans ce flot de grands sentiments, les 5 pièges brefs du très original Miguel Urquiza, qui se joue des formes et de notre écoute un peu dans l’esprit d’un Erik Satie d’aujourd’hui. Une très belle soirée encore dans cette superbe église. On est d’ailleurs frappé dans le Perche par les dimensions en général vraiment généreuses des églises dans des villages ou de petites villes dont elles rappellent un passé très peuplé et témoignent d’un présent toujours actif.
Dernière soirée le dimanche 8 dans l’incroyable grange du superbe manoir de Soisay, avec deux pianistes et deux pianos, Hervé Billaut et Guillaume Coppola jouant soit chacun sur un instrument ou bien à quatre mains. Programme intelligent, avec des transcriptions réalisées par les compositeurs eux-mêmes à l’exception d’un extrait de l’Actus tragicus de Bach transcrit par Kurtág. Sinon, troisième mouvement de la Troisième Symphonie de Brahms, au thème que le cinéma rendit si célèbre, dans la transcription de Brahms, puis des valses et des danses hongroises à quatre mains du même Brahms, avant des pièces de Kurtág, la transcription pour deux piano par Ravel de sa Rapsodie espagnole et celle de l’Apprenti sorcier par Dukas pour deux pianos aussi.
Des musiques très variées, d’une richesse d’expression extrême, servies par deux magnifiques pianistes, parfaits représentants de notre école de piano toujours aussi riche et productrice de grands talents. Les deux compères savent manier la puissance comme la légèreté, le sérieux comme l’humour ou la franche gaîté, jouer des rythmes et couleurs hispanisants d’un Ravel ou de ceux, carrément humoristiques de Dukas, évocateur aussi de tant d’images cinématographiques. Gros succès évidemment et gros regret que soit déjà finie cette série de soirées qui colorent avec raffinement la vie assez calme de ce beau Perche dont le climat de cet été ensoleillé met en valeur toutes les beautés architecturales ou naturelles.
Samedi 7 juillet, église de Pervenchères :
Ludwig van Beethoven (1770-1827)
Trio en ut mineur op. 1 n° 3
Mikel Urquiza (*1988)
5 pièges brefs
Johannes Brahms (1833-1897)
Trio n° 2 en ut majeur op. 87
Trio Talweg
Romain Descharmes, piano
SĂ©bastien Surel, violon
Éric-Maria Couturier, violoncellle
Dimanche 8 juillet, manoir de Soisay (La Perrière) :
Johannes Brahms (1833-1897)
Poco Allegretto (Symphonie n° 3)
Johann Sebastian Bach (1685-1750)
Sonatine de la Cantate BWV 106 Actus tragicus
Arrangement : György Kurtág
Johannes Brahms
Seize valses op. 39
Danse hongroise n° 11 et 4
György Kurtág (*1926)
Dühös korál
Hommage à Sárközy
Hommage à Halmágyi Mihály
Maurice Ravel (1875-1937)
Rapsodie espagnole
Paul Dukas (1865-1935)
L’Apprenti sorcier
Hervé Billaut & Guillaume Coppola, piano
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