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CHRONIQUES
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15 janvier 2025
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Jessye Norman est morte hier, à New York, à l’âge de 74 ans, des suites d’une septicémie consécutive à une blessure à la colonne vertébrale en 2015. Née le 15 septembre 1945 à Augusta, dans l’état du sud-est américain de Géorgie, à l’époque de la ségrégation raciale, la soprano américaine, initiée d’abord à la musique des spirituals dans une famille très croyante, décrocha une bourse pour l’Université Howard de Washington.
Avant de devenir une star internationale, elle fit ses débuts au Deutsche Oper de Berlin en 1968. Celle que les chaînes d’info en continu et la plupart des radios citent avant tout pour avoir chanté La Marseillaise place de la Concorde lors du Bicentenaire de la Révolution française, ou pour s’être produite lors des investitures des présidents Reagan et Clinton, et que d’autres présentent un peu vite comme un soprano dramatique, possédait un timbre somptueux, voire voluptueux, sombre et moiré à la fois, assez fin pour ne pas paraître déplacé dans Mozart, et toujours appuyé sur une excellente ligne de souffle doublée d’une musicalité très naturelle. Notre confrère Gérard Mannoni nous disait encore récemment n’avoir jamais entendu personne chanter comme elle D’amour l’ardente flamme de La Damnation de Faust.
Peu présente à la scène, même si les souvenirs ne manquent pas de ses apparitions à Aix, à l’Opéra Comique ou au Met, elle fit une magnifique carrière en récital et au concert, tentant même grâce aux nuances inouïes du chef la Mort d’Isolde avec Karajan en 1988 à Salzbourg. Comment oublier aussi sa Judith du Château de Barbe-bleue de Bartok en version de concert au Châtelet sous la direction de Pierre Boulez en 2006 ? Soucieuse des grandes causes, la soprano avait notamment fondé dans sa ville natale la Jessye Norman School of Arts pour les jeunes artistes issus de milieux modestes.
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