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CHRONIQUES
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21 novembre 2024
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Pour sa cinquième édition, la Musikfest s’interroge sur ce qui fait un musicien virtuose. Celui qui joue brillamment une musique diabolique mais aussi celui qui sait tirer la poésie d’écritures en apparence plus simples. Durant trois soirées généreuses, la violoniste Liya Petrova a réuni ses amis dans une succession hétéroclite de dix-neuf œuvres écrites par seize compositeurs.
Cette programmation quelque peu décousue permet néanmoins d’entendre avec bonheur des associations d’instruments peu fréquentes au concert. L’honnêteté oblige d’écrire que l’excellence suggérée par la dénomination Virtuoso n’est pas toujours au rendez-vous chez des instrumentistes de niveaux variables même si la majorité d’entre eux portent très haut leur art. Comme il est impossible de rendre compte de la totalité des performances de cette édition, on se contentera d’évoquer quelques incontestables temps forts.
Ainsi, le premier concert offre la réjouissante démonstration d’une folle virtuosité avec le Duo pour deux violoncelles en mi majeur d’Offenbach emporté par Edgar Moreau et Aurélien Pascal. Le jeune quatuor Magenta qui leur succède avec le Quatuor Lettres intimes de Janáček montre un visage beaucoup plus intérieur de la perfection. Son altiste, Claire Pass-Lanneau, est le chantre de la passion mais l’équilibre et la respiration des quatre musiciennes forcent l’admiration. Retour à la démonstration amusée avec la Passacaille écrite avec esprit par Halvorsen d’après Haendel. La musicalité du violoncelle de Victor Julien-Laferrière rivalise avec l’éloquence du violon de Liya Petrova.
De la deuxième soirée, on ne retiendra finalement que le Grand sextuor concertant arrangé en 1808 par un anonyme d’après la Symphonie concertante de Mozart. Sans être parfaite techniquement, l’interprétation de Petrova et de ses cinq camarades séduit par une poésie à fleur de peau où Lise Berthaud et Victor Julien-Laferrière ont plus que leur part. Carton plein en revanche pour le troisième et dernier concert qui fait salle comble.
D’une superbe concentration, Adam Laloum ouvre la soirée avec une Romance et une Novelette de Schumann. Il est suivi du duo formé par Pavel Kolesnikov et de Samson Tsoy pour la réduction pour piano à quatre mains du Sacre du printemps de Stravinski. À l’assise rythmique hypnotique du premier répondent les mélismes ensorcelants du second. Les deux pianistes n’écrasent jamais le son, ni n’assèchent le discours pour une performance sensationnelle.
Après l’entracte Lise Berthaud s’associe à Adam Laloum pour une très lyrique Sonate Arpeggione de Schubert. Le chant se fait encore plus prégnant et virtuose ensuite avec Alexandre Kantorow qui a choisi de présenter une nouvelle fois la Rhapsodie pour piano de Bartók. Enfin, comme elle avait ouvert avec panache la première des soirées avec un Caprice pour violon seul de Rovelli, Liya Petrova vient clore le dernier concert en rejoignant Alexandre Kantorow pour l’Andante ô combien cantabile de la Sonate de Richard Strauss.
Salle Cortot, Paris, 13, 14 & 15/03/2024
Rovelli, Offenbach, Janáček, Halvorsen, Dohnányi, Paganini, Schumann, Piazzola, Rachmaninov, Popper, Ysaÿe, Chopin, Bartók, Mozart, Stravinski, Schubert
Liya Petrova, Suichi Okada (violon)
Laurent Marfaing, Violaine Despeyroux, Lise Berthaud (alto)
Edgar Moreau, Aurélien Pascal, Caroline Sypniewski, Victor Julien-Laferrière), Christophe Morin (violoncelle)
Julien Cernay, Théo Fouchenneret, Adam Laloum, Pavel Kolesnikov, Samson Tsoy, Alexandre Kantorow (piano)
Quatuor Magenta
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