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CHRONIQUES
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11 mars 2025
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Même s'il a beaucoup écrit, notamment pour Altamusica, Antoine Livio était avant tout un homme de radio, mieux, il était une radio à lui seul, et qui a conversé dix minutes avec lui ne saurait le démentir : Antoine avait toujours une anecdocte, un bon mot (voire une vacherie) sur tous les sujets touchant de près ou de loin les arts de la scène.
Et pour cause, il avait vu et entendu plus de spectacles que n'importe lequel de ses confrères, avait rencontré tout ce que la planète compte d'artistes de renom ou de sans grade, et avait d'ailleurs contribué à en révéler un bon nombre. Antoine ne voulait jamais manquer une création en France ou en Suisse et n'aurait pas raté pour un empire une saison à Salzbourg ou à Bayreuth, ses deux Mecques.
Né dans une famille de mélomanes avec une mère pianiste, sa propre carrière avec cet instrument fut contrariée par un accident malheureux aux tendons. Privé de clavier, Antoine Livio entra à Radio-Lausanne
pour s'occuper de danse, la musique étant la chasse gardée d'Henri Jaton, un cacique indéboulonnable. Il produisit alors sa première émission, baptisée "Plein Feu sur la Danse". Maurice Béjart, Roland Petit et Zizi Jeanmaire étaient dans sa première émission.
Débute alors une longue carrière radiophonique, principalement à Radio Suisse-Romande, tout en collaborant à l'émission "Panorama" de France Culture. La voix d'Antoine Livio était aussi familière aux auditeurs de France Musique(s), où il participa notamment à "Table d'écoute", sur le modèle du "Masque et la Plume" de France Inter, tout en alimentant chaque été les programmes de la chaîne d'innombrables reportages depuis Salzbourg ou Bayreuth.
En marge de la radio, Antoine Livio a été le critique chorégraphique puis musical de La Tribune de Lausanne pendant vingt-deux ans, tout en collaborant à d'autres périodiques, tels La Liberté de Fribourg ou Le Journal de Genève.
Sa méthode ? L'enthousiasme. Au risque, parfois, d'éveiller la suspicion de la profession. "Plutôt que de dire du mal des gens dont nous n'aimions pas le travail, j'ai fait le contraire : ne parler que de ceux qui ont du talent ! Ainsi ai-je pu aider quelques artistes débutant dans leur carrière
et je ne le regrette pas."
Dans un entretien à La Lettre du Musicien paru en février 2000, Antoine Livio avait donné sa définition de la critique : "une courroie de transmission entre les artistes et le public". Antoine Livio estimait que cette fonction, bien que battue en brèche par les "papiers promotionnels", méritait encore toute sa place ; mieux, il militait pour que la critique soit reconnue comme un métier à part entière : c'est à son initiative que fut créée la Presse Musicale Internationale (PMI), qui chaque année décerne un Grand Prix à un interprète ou à un compositeur.
Antoine Livio fut aussi l'auteur de plusieurs ouvrages, tels Béjart (Editions L'Age d'Homme, 1965) et Conversations avec Marcel Landowski (Editions Denoël, 1999). Il nourrissait encore de nombreux autres projets de livres, notamment pour le compte de La Librairie Séguier mais on ne s'inquiète pas pour lui : en ce moment, il est probablement parti en quête d'un entretien impossible entre Richard Strauss et Wolfgang Amadeus.
Antoine Livio n'avait que soixante-trois ans.
La Rédaction
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Un entretien pour  la Sixième ligne, le journal d'information de l'Orchestre de la Suisse Romande
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