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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Il Trionfo del Tempo e del Disinganno au Théâtre des Champs-Elysées, Paris.
Le Triomphe de la DĂ©sillusion
L'engouement pour Haendel prévaut plus que jamais, nourri essentiellement par l'intérêt que lui portent certaines étoiles lyriques. Mais une affiche suffit-elle pour réussir une oeuvre vocale qui possède ses propres arcanes ? Il Giardino Armonico et quelques chanteurs prestigieux ont tenté de donner une réponse au Théâtre des Champs-Elysées.
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Théâtre des Champs-Élysées, Paris
Le 26/03/2001
Yutha TEP
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Il Trionfo del Tempo e del Disinganno est une oeuvre du jeune Haendel, mais déjà tout son langage théâtral est là , dans un oratorio que des chanteurs exceptionnels peuvent métamorphoser en véritable feu d'artifice. La distribution, sur le papier, était fort éloquente, chacun des intervenants se présentant avec des faits d'arme imposant le respect dans des cieux certes nullement haendeliens. Manquait toutefois à l'appel Magdalena Kozena, remplacée par la jeune Sonia Prina. Absence malheureuse, car la mezzo-soprano tchèque, vraie haendelienne, elle, aurait pu rehausser le niveau d'une soirée globalement fort décevante.
Mais ne soyons pas injuste avec Sonia Prina, révélation de la soirée, Disinganno somptueuse de timbre, à l'assurance technique et à la musicalité sans faille : ce fut elle qui nous gratifia des meilleurs moments de ce Tempo, en particulier dans Crede l'uom merveilleusement phrasé, qu'une gorge enflammée tenta de saboter de bout en bout : ovation de la salle après un exploit réalisé malgré tant de malveillance. Impossible de résister à ce Disinganno impérial. Véronique Gens avait tous les moyens vocaux pour un Piacere à tourner les têtes, mais lisse et un brin froide, elle s'est contentée de plaisirs bien sages. Les rares incursions de Christoph Prégardien dans Haendel, en particulier un Samson avec Harnoncourt, n'avaient pas convaincu ; ce ne fut pas non plus le cas ici. Le rôle du Tempo peut s'accommoder d'une voix peu sensuelle, mais le bel canto ne constitue pas le quotidien de ce grand artiste maintenant tourné vers d'autres répertoires. La principale erreur de distribution, infiniment éprouvante pour l'auditeur, ce fut la Bellezza de Laura Aikin. Formidable Reine de la Nuit, acrobatique Zerbinetta, vénéneuse Lulu, cette belle chanteuse s'est trouvée totalement dépassée par la vélocité de ses airs dans la première partie (attaqués, il est vrai, à une vitesse athlétique), ne retrouvant sa dignité qu'après l'entracte, sa souplesse de mozartienne et son timbre lumineux faisant merveille dans une seconde partie davantage marqué par le méditatif, voire l'affliction.
Et le Giardino ? Ensemble de solistes époustouflants dans la musique italienne qu'elle aborde en formation assez légère, la phalange italienne semble avoir de la peine à se métamorphoser en véritable orchestre. Le son n'a pas encore de personnalité, et un tranchant indiscutable ne peut masquer les problèmes d'ensemble (les cordes) ou de justesse (les hautbois en premier lieu). Giovanni Antonini ne sut pas donner d'unité artistique réelle, avec une tendance prononcée aux détails instrumentaux superflus
On est loin d'un Rinaldo Alessandrini parfois très cérébral, mais musicalement bien plus achevé.
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Théâtre des Champs-Élysées, Paris Le 26/03/2001 Yutha TEP |
| Il Trionfo del Tempo e del Disinganno au Théâtre des Champs-Elysées, Paris. | G. F. Haendel : Il Trionfo del Tempo e del Disinganno, oratorio sur un livret du Cardinal Pamphili.
Avec Laura Aikin (la Bellezza), Véronique Gens (il Piacere), Sonia Prina (il Disinganno) & Christoph Prégardien (il Tempo).
Il Giardino Armonico
Giovanni Antonini, direction | |
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