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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Ariodante de GF Hændel au Palais Garnier de Paris.
Luxe et volupté, sinon calme, pour Ariodante
Après un enregistrement superlatif unanimement salué par la critique comme par le public, on attendait avec impatience la réalisation scénique de l'Ariodante d'Hændel avec l'équipe de Marc Minkowski. Le moins que l'on puisse dire est qu'elle a suscité la controverse, jusqu'au sein d'Altamusica d'ailleurs.
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C'est vrai, cet Ariodante n'est sûrement pas la meilleure mise en scène lyrique de Jorge Lavelli. Mais son travail, qui s'inscrit parfaitement dans les sobres décors d'Alain Lagarde, a le mérite de la clarté, de la lisibilité ; les liens entre les personnages sont nettement définis, la carte des sentiments exploitée sans surprise mais avec intelligence. Quant à la direction d'acteurs, elle ne mérite pas de reproche.
On est loin, pourtant, de l'inoubliable Alcina aixoise de 1978. On n'en voudra pas à Lavelli d'être resté fidèle à lui-même ; il est dommage, toutefois, qu'il n'ait pas réussi à donner à ses héros le supplément de coeur qui les eût rendus plus humains. Il ne méritait pas pour autant les huées qui l'ont accueilli.
Est-il nécessaire de s'attarder sur l'insignifiante chorégraphie de Laurence Fanon ? Ce qui compte, ce soir, c'est la musique. La distribution est alléchante. On est inquiet, pendant tout le premier acte, d'entendre des voix féminines qui manquent singulièrement de projection. Seule Patricia Petibon réussit à imposer sa Dalinda, piquante, charmeuse, et rouée.
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Dès le deuxième acte, on retrouve Anne Sofie von Otter, sa ligne musicale d'une irréprochable plastique, son timbre lumineux qui s'épanouit à chaque mesure. Son "Scherza, infida" est, on s'en doute, un sommet. La voix étrange de Silvia Tro Santafé sied à Polinesso, et fait oublier une vocalisation parfois hésitante.
Seule Laura Claycomb déçoit, chantant joliment mais se cantonnant dans un registre plaintif et douloureux, malgré un troisième acte réellement émouvant. Il y a peu à dire du Roi d''Ecosse sonore de Kristinn Sigmundsson ; quant à Kresimir Spicer (Ulysse de Monteverdi remarqué au dernier festival d'Aix), il rend crédible son personnage de Lurcanio par la qualité et la spontanéité de son chant.
Avec son enregistrement d'Ariodante, Marc Minkowski avait placé la barre très haut. L'infinie palette de couleurs dont dispose sa formation des Musiciens du Louvre-Grenoble, la souplesse de son discours, son souci du détail poussé à l'extrême en évitant (de justesse, parfois) le maniérisme, son goût d'une dynamique sonore contrastée, son art de jouer avec le temps, silences compris, et de faire de l'orchestre un protagoniste à part entière n'appartiennent qu'à lui. Un Haendel aussi luxueux, voluptueux et émouvant, ça n'a pas de prix.
Lire également l'avis moins favorable de Françoise Malettra.
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Palais Garnier, Paris Le 17/04/2001 Michel PAROUTY |
| Ariodante de GF Hændel au Palais Garnier de Paris. | Ariodante de Georg Friedrich Haendel
Opéra en trois actes
Livret anonyme adapté de " Ginevra, principessa di Scozia " d'Antonio Salvi, d'après " Orlando furioso " de l'Arioste.
Orchestre et Choeurs des Musiciens du Louvre-Grenoble
Direction musicale : Marc Minkowski.
Mise en scène : Jorge Lavelli.
Avec Anne Sofie von Otter (Ariodante), Layra Claycomb (Ginevra), Patricia Petibon (Dalinda), Silvia Tro Santafé (Polinesso), Kresimir Spicer (Lurcanio), Kristinn Sigmundsson (le roi). | |
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