|
|
CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
|
Sonates pour violon et piano par Joshua Bell et Alexandre Lonquich à l'Auditorium du Louvre.
À quelques doigts de la grâce
Pour lutter contre la grisaille des dernières semaines, inutile de s'exiler au bout du monde. Quelques sonates de Beethoven dans une salle confortable, et le tour est joué. À l'Auditorium du Louvre, Joshua Bell et Alexandre Lonquich ont joué les navigateurs solitaires pour un voyage presque sans surprise.
|
|
Bons baisers d’Eltsine
Régal ramiste
L'Étrange Noël de Mrs Cendrillon
[ Tous les concerts ]
|
Non, Beethoven ne fait pas toujours dans le tragique. Pour preuve ces sonates pour violon et piano qui mêlent franchise de ton et simplicité, mais derrière lesquelles se dissimule une science de la construction qui laisse pantois. Il y a d'ailleurs une sorte de dichotomie entre l'esprit général et l'énergie rythmique de ces oeuvres et la sophistication de leurs matériaux et de son agencement.
C'est évidemment ce coté badin qui a séduit Joshua Bell : d'emblée le son est généreux, très pur et le mouvement assez irrésistible. Difficile de ne pas être séduit par ce jeu-là et par l'équilibre général qu'il donne aux oeuvres. Et les quelques problèmes de justesse (particulièrement dans la Cinquième sonate en fa majeur opus 24) seront passés presque inaperçus.
De son côté, Alexandre Lonquich cherche, dans les pianissimos les plus infimes, un espace sonore qu'il veut aussi nuancé que possible. De part et d'autre, une écoute particulièrement fine s'installe.
Mais étrangement, cette écoute vise essentiellement la matière sonore et l'équilibre des timbres. Ce n'est évidemment pas un mal en soi, mais encore faudrait-il, pour donner corps aux oeuvres, chercher un lieu d'échange où les tensions puissent s'exprimer. Or, et ce n'est pas le moindre des paradoxes, cette écoute très belle conduit les deux musiciens à une sorte d'isolement, comme si les problèmes de théâtralité s'effaçaient devant les questions musicales, ou, bien pire, qu'ils en étaient exclus.
Ainsi, même si nombre de passages troublent au plus haut point - la manière d'amener une modulation ou de revenir au ton principal, - il manque cette dualité nécessaire pour faire de ce concert un moment de pure grâce.
| | |
|
Auditorium du Louvre, Paris Le 18/04/2001 Mathias HEIZMANN |
| Sonates pour violon et piano par Joshua Bell et Alexandre Lonquich à l'Auditorium du Louvre. | Ludwig van Beethoven
Quatrième sonate en la mineur opus 23
Cinquième sonate en fa majeur opus 24
Dixième sonate en sol majeur opus 96
Joshua Bell, violon
Alexandre Lonquich, piano | |
| |
| | |
|