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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Zubin Mehta dirige l'Orchestre Philharmonique de Vienne au Théâtre des Champs-Élysées.
Mehta en veine chorégraphique
Entendre deux fois le Philharmonique de Vienne dans la même saison, c'est incontestablement une chance pour les Parisiens. Avec Zubin Mehta à sa tête, c'est avec un programme à dominante germanique mâtiné de musique slave que l'orchestre a ajouté une pierre de plus à une gloire aussi légendaire que méritée.
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Le Philharmonique de Vienne reste, avec une constance remarquable, l'un des meilleurs orchestres du monde. Si Zubin Mehta est, lui, beaucoup plus inégal, le programme du 24 avril dernier semblait plutôt bien lui convenir, même si la Symphonie inachevée de Schubert qui débutait le concert ne semblait pas idéale.
Malgré la qualité sonore et phrasé fabuleux des cordes, en particulier des violoncelles, il ne semble pas que Mehta soit allé vraiment au plus profond de cette partition si lourde d'implications psychologiques et même psychanalytiques, puisque son thème principal n'est autre que celui du Lied Der Zwerg, où un nain affreux étrangle par excès d'amour la belle reine qu'il aime. Manque de nuances, de couleurs et drame. Une interprétation honnête sans plus.
En revanche, la Symphonie de chambre n°1 de Schœnberg et la Quatrième Symphonie de Tchaïkovski, malgré tout ce qui les sépare (en apparence au moins) furent magistralement mises en valeur. Il ne doit guère être possible de mieux démontrer la subtilité d'écriture de Schœnberg pour ces quinze instruments traités à la fois de manière si homogène et si individuelle. Mehta a réussi le prodige d'être aussi analytique que Boulez tout en étant manifestement mais plus chaleureux et ouvertement post romantique.
Quant à Tchaïkovski, c'est lui rendre le plus bel hommage que de traiter sa symphonie à l'égal des plus grandes pages de Beethoven, Brahms ou Schubert. Mehta évite tout le côté " décoratif " que l'on prête trop souvent à cette partition au bénéfice d'une intériorité toute de lyrisme contenu. Les deux mouvements lents initiaux, une singularité de la partition, constituèrent un miracle d'équilibre entre les vents et les cordes, avec une petite harmonie qui tresse véritablement de la dentelle.
Manifestement, Mehta a traité cette oeuvre comme de la musique de ballet, sa chorégraphie orchestrale était le meilleur service à rendre à Tchaïkovski.
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Théâtre des Champs-Élysées, Paris Le 24/04/2001 Gérard MANNONI |
| Zubin Mehta dirige l'Orchestre Philharmonique de Vienne au Théâtre des Champs-Élysées. | Schubert : Symphonie inachevée
Schœnberg : Symphonie de chambre n°1
Tchaïkovski : Quatrième Symphonie
Orchestre Philharmonique de Vienne
Zubin Mehta, direction
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