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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Nouvelle production de Cosi fan Tutte à l'Opéra de Lyon.
Un Cosi parfum chocolat
On reproche parfois aux metteurs en scène d'en faire trop dans leurs relectures décalées des classiques du répertoire. Tant pis, le jeune Suisse Stephan Bachmann assume: son Cosi fan Tutte - monté à l'Opéra de Lyon - joue à fond la carte de l'interprétation iconoclaste ; non sans un humour roboratif et chocolaté...
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Il était attendu au tournant, Stephan Bachmann. Déjà controversé dans ses mises en scène de théâtre à Bâle et Zurich, le jeune Helvète s'est lancé dans l'opéra pour la première fois, bille en tête. Sans aucun complexe, sa lecture de l'oeuvre aurait pu passer à côté de Mozart, et ne pas éviter les longueurs d'une pièce dont le livret accumule les pistes.
Malgré un départ abrupt et complètement décalé qui désarçonne le spectateur, la distance et l'humour replacent vite la profonde humanité de l'histoire au coeur du débat. Rien n'y prépare pourtant. Les deux soldats devenus escrimeurs de compétition en partance pour un concours international, Despina traînant ses grolles derrière son chariot de produits de ménage, Don Alfonso en costume rose-fuschia à jabot ou les deux amoureuses plus godiches qu'amantes sur un décor de formica signé Hugo Greter : le monde des Deschiens n'est pas loin.
Mais derrière l'apparence volontairement triviale des costumes d'Annabelle Witt (les deux Turcs en bêtes de cirque poilues sont à mourir de rire), la vérité se dévoile toute nue. Et la tendresse enfantine qui se dégage de l'ensemble, dans des scènes jubilatoires de jets de chocolat contre les murs ou de peinture à pleines mains sur les corps des protagonistes, fait s'esclaffer le public ravi.
Et la musique, dans ce combat de sexes à fleurets non mouchetés ? Eh bien là aussi, elle part cosi, cosi. Après une ouverture floue, sans véritable épine dorsale, Sylvain Cambreling se ressaisit et cambre l'orchestre de l'Opéra de Lyon avec une belle verdeur, allègrement suivie sur scène par une distribution bien équilibrée.
Le Guglielmo touchant de Stéphane Degout, le Don Alfonso désabusé de Gilles Cachemaille, la Fiordilidgi attachante d'Anja Harteros, la Despina enceinte à -qui-on-ne-la fait -plus de Catherine Dubosc et la Dorabella gourmande de Claudia Mahnke se relancent les airs dans une joyeuse complicité. Seul le Ferrando de Yann Beuron, voix tendue et interprète sans ressort, ne s'aligne pas sur ses comparses. Mais au coeur de tant de vitalité et de fraîcheur, ce bémol n'entache en rien une nouvelle production en tous points originale et sans sucre.
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Opéra national, Lyon Le 24/04/2001 Sylvie BONIER |
| Nouvelle production de Cosi fan Tutte à l'Opéra de Lyon. | Cosi fan Tutte de Mozart.
Orchestre et choeur de l'Opéra de Lyon
Direction musicale : Sylvain Cambreling.
Mise en scène : Stephan Bachmann.
Avec Gilles Cachemaille (Don Alfonso), Yann Beuron (Ferrando), Stéphane Degout (Guglielmo), Anja Harteros (Fiordilidji), Claudia Mahnke (Dorabella), Catherine Dubosc (Despina).
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