|
|
CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
|
Concert de l'Orchestre Philharmonique de Radio France dirigé par Jukka-Pekka Saraste avec le pianiste Olli Mustonen.
Quand la baguette devient épée
Deux Finlandais se partageaient l'affiche de l'Orchestre Philharmonique de Radio France vendredi dernier : le chef Jukka-Pekka Saraste et le pianiste Olli Mustonen. Rarement un soliste aura joué le Premier Concerto de Beethoven de manière aussi grotesque, mais heureusement, le chef a sauvé la soirée avec un Schubert poignant.
|
|
Bons baisers d’Eltsine
RĂ©gal ramiste
L'Étrange Noël de Mrs Cendrillon
[ Tous les concerts ]
|
C'est par une oeuvre de Schoenberg que l'on a peu l'occasion d'entendre que débute ce concert : Musique d'accompagnement pour une scène cinématographique. Le film est imaginaire mais la partition illustre trois séquences - Danger menaçant, Angoisse et Catastrophe -, écrites dans un style post-romantique proche du coloris orchestral de la Nuit transfigurée.
Le chef déroule une vision brute, tranche dans la masse, obtient des couleurs crues et évite tout lyrisme superfétatoire. Grondement des trémolos, sonorité martelée des cuivres, âpreté des coups d'archet, rythmique saillante : le Finlandais joue sur la versatilité des climats. Le drame est là , rude, dense, palpable.
Entre alors le soliste. A peine s'installe-t-il à son clavier, que le concert tourne à la caricature tant sa gestuelle incite au rire. Moulinets de bras, attaques vertigineuses, minauderies : autant d'effets outranciers pour un résultat peu probant, voire inaudible ! Sans doute Olli Mustonen a-t-il une lecture fantasque et fougueuse de ce Concerto, mais à confondre fantaisie et frénésie, fougue et convulsion, le résultat est décevant.
Le toucher est dur, le phrasé maniéré, les nuances restreintes et les couleurs homogènes. Seul le dernier mouvement laisse entrevoir un jeu plus convaincant mais aucune oreille n'est dupe. Le public n'hésite pas à huer le finlandais comme il est rare de l'entendre Salle Pleyel.
Grâce à la Symphonie n°4 de Schubert, dite Tragique, Jukka-Pekka Saraste conquiert les auditeurs de nouveau. Avec fièvre, il prend l'oeuvre réellement au tragique, sans concession intimiste. Son Schubert est bâti du même marbre qu'un monument beethovénien.
Le ton est véhément, la scansion intraitable, les crescendos débordants. Pupitres volontairement en osmose et peu dissociés, les bois épousent les cordes et enrichissent leur étoffe ; cependant, aucune lourdeur, ni empâtement ne transpire. Avec ses mouvements prompts et guerriers, Saraste manie la baguette comme d'autre l'épée : ce soir-là , Schubert était défendu comme jamais.
| | |
|
Salle Pleyel, Paris Le 11/05/2001 Pauline GARAUDE |
| Concert de l'Orchestre Philharmonique de Radio France dirigé par Jukka-Pekka Saraste avec le pianiste Olli Mustonen. | Orchestre Philharmonique de Radio France
Jukka-Pekka Saraste, direction
Olli Mustonen, piano
Schoenberg : Musique d'accompagnement pour une scène cinématographique
Beethoven : Concerto n°1
Schubert : Symphonie n°4
| |
| |
| | |
|