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CRITIQUES DE CONCERTS |
30 décembre 2024 |
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Reprise de la Clémence de Titus à l'Opéra Garnier de Paris.
Titus couronné d'un bonnet
Pour cette reprise de la Clémence de Titus à l'Opéra de Paris, la distribution - avec Charles Workman en Titus et Vesselina Kasarova en Sesto - avait de quoi faire saliver . Si l'un et l'autre tiennent leurs promesses, la mise en scène reste lourde et la musique lestée de la direction raide de Gary Bertini.
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Si cette nouvelle reprise d'une production créée en 1997 se singularise, ce n'est pas par sa direction d'orchestre. Raide, et pas toujours précis, Gary Bertini possède l'art de plomber chaque mesure- rarement, dans Mozart, l'orchestre de l'Opéra national de Paris a aussi peu chanté ; même le fameux solo de clarinette qui accompagne Sesto pendant son Parto, parto
ne permet pas au soliste (Romain Guyot ?) de déployer tout son talent.
Réalisée par Jean-Louis Cabane, la mise en scène de Willy Decker est toujours très sage, manquant de légèreté dans le symbolisme (la tête de Titus qui se dégage peu à peu d'un bloc de marbre, au fur et à mesure que le souverain avance dans la voie du pardon, la couronne – qui ressemble furieusement à un bonnet d'âne- que tous se passent de main en main), et la direction d'acteurs demeure plutôt sommaire- comment a-t-on pu laisser minauder à ce point Anna-Maria Panzarella, dont la fraîcheur vocale convient pourtant bien à Servilia ?
Si Nicolas Cavallier, dans le bref rôle de Publio, fait apprécier un timbre somptueux, si, en revanche, celui de Kimberly Barber ne cache pas ses stridences dans les récitatifs, avant de retrouver son homogénéité dans les airs, sans que pour autant le personnage d'Annio semble moins effacé, le trio Workman/Goerke/Kasarova n'a guère de mal à s'imposer. La voix très grave du ténor américain est bien celle d'un homme en proie au doute, qui retrouve son assurance dans le Se all'impero du dernier acte, dont Workman négocie les vocalises avec autorité.
Le chant aux arêtes vives et tranchantes de Christine Goerke illustre parfaitement le caractère vindicatif de Vitellia ; il pourrait cependant, alors que le remords la ronge, se faire plus nuancé. La silhouette, juvénile et fière, l'allure, la couleur vocale, pulpeuse, chaude, l'agilité : Vesselina Kasarova a tout pour incarner le Sesto idéal. Sans oublier ce frémissement, cette humanité qui la rendent si émouvante. Décidément, avec ses différents Sesto (Anne Sophie von Otter, Angelika Kirschschlager, Susan Graham, et maintenant Kasarova), cette Clémence a connu toutes les grâces.
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Palais Garnier, Paris Le 02/06/2001 Michel PAROUTY |
| Reprise de la Clémence de Titus à l'Opéra Garnier de Paris. | La Clémence de Titus de Mozart
Orchestre de l'Opéra de Paris
Direction musicale : Gary Bertini.
Mise en scène : Willy Decker.
Avec Charles Workman (Tito), Christne Goerke (Vitellia), Vesselina Kasarova (Sesto), Anna-Maria Panzarella (Servilia), Kimberly Barber (Annio), Nicolas Cavallier (Publio).
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