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CRITIQUES DE CONCERTS |
30 décembre 2024 |
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Le Requiem de Verdi par l'Orchestre royal du Concertgebouw d'Amsterdam dirigé par Riccardo Chailly.
Un Requiem décimé
Après Otello et Falstaff, le théâtre du Châtelet termine ses commémorations verdiennes avec le Requiem. Soirée attendue, si l'on en juge par l'atmosphère fébrile de la salle. Soirée qui, malheureusement, ne tient pas ses promesses du fait d'une distribution vocale décimée.
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Destin funeste pour ce Requiem : quelques jours avant le concert, le ténor Aquiles Machado, souffrant, annule sa participation. La veille, c'est la soprano Barbara Frittoli qui déclarait forfait. D'où le grand handicap de ce Requiem, indéniablement pénalisé par la faiblesse et l'hétérogénéité de son quatuor vocal.
Comment en vouloir à Dimitra Theodossiou, arrivée le jour même ? Mais il faut reconnaître que sa voix semble frêle et sans grande personnalité, son registre grave très faible (d'où un Libera me sans force et dévitalisé), et que les pianissimos dont elle parsème à l'envi sa ligne mélodique ne sont que coquetteries sans nécessité.
Massimo Giordano étale complaisamment son joli timbre, avec un style vériste qui transforme l'Ingemisco en air à effet. Très mater dolorosa, Violeta Urmana ne donne pas, elle non plus, dans la sobriété, malgré une louable rigueur musicale. Et Orlin Anastassov, en dépit de sa jeunesse, ne se départit que rarement d'une emphase un peu vieillotte.
Reste le choeur de la radio des Pays-Bas, excellent, dans le fondu, la douceur, la précision, la délicatesse des nuances, des pianissimos sensibles, des forte éclatants. Reste aussi, et surtout Riccardo Chailly. Qu'on n'attende pas de lui une vision aux contrastes violemment sollicités, aux couleurs crues, une extériorisation ostentatoire des sentiments.
Son Requiem possède cette force intérieure qui déplace les montagnes ; il le construit patiemment, tendant peu à peu l'arc dramatique qui, des notes venues de l'au-delà du Requiem initial mène à l'explosion du Sanctus, dont il transcende la théâtralité, pour trouver l'apaisement dans l'Agnus Dei et aborder avec une assurance sereine les étrangetés harmoniques du Lux Eterna et le grandiose Libera me.
Il va sans dire que le Concertgebouw est toujours aussi enchanteur ; ce son dru et ferme, ces cordes brillantes et suaves, ces bois chaleureux, on ne se lasse pas de les entendre. Ils apportent à Verdi luminosité et rayonnement. Mais à ce Requiem, il manquait douloureusement la lumière des voix.
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Théatre du Châtelet, Paris Le 31/05/2001 Michel PAROUTY |
| Le Requiem de Verdi par l'Orchestre royal du Concertgebouw d'Amsterdam dirigé par Riccardo Chailly. | Requiem de Giuseppe Verdi
Orchestre royal du Concertgebouw d'Amsterdam
Direction : Riccardo Chailly.
Choeur de la Radio des Pays-Bas
Direction : Martin Wright.
Avec Dimitra Theodossiou (soprano I), Violeta Urmana (soprano II), Massimo Giordano (ténor), Orlin Anastassov (basse). | |
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