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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Reprise de Manon de Massenet à l'Opéra-Bastille.
Massenet Manon troppo
Seconde reprise de la production de Manon de Massenet dans une mise en scène de Gilbert Deflo qui roule toute seule. Et ne rate aucune convention de Gilbert Deflo. Mais, outre le retour du chef Jesus Lopez Coboz, ce sont les rôles- titres assumés par René Fleming et Marcelo Alvarez qui font pâmer le public parisien, non sans raison.
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Rien d'enthousiasmant, rien de honteux non plus dans ce dispositif scénique aussi sommaire que la direction d'acteurs censée la soutenir. Les panneaux bleu sombre cylindriques et concentriques qui constituent l'essentiel du décor de William Orlandi et permettent des changements à vue font de leur mieux pour apprivoiser l'immense scène de Bastille.
Ici, l'ouvrage semble flotter dans des vêtements trop larges - n'oublions pas qu'il a été créé à l'Opéra-Comique, dans la seconde salle Favart. Les costumes, en revanche, du même Orlandi, sont splendides et le tableau à grand spectacle du Cours-la-Reine est coloré à souhait.
Après vingt ans d'absence, Jesus Lopez Cobos fait sa rentrée à l'Opéra de Paris. Sa direction est raffinée, est elle aussi dynamique, mais n'échappe pas à la complaisance, tant les tempos sont parfois étirés, surtout dans les duos entre Manon et Des Grieux, où les chanteurs prennent leur temps, rivalisent de nuances suaves et ensorceleuses.
Renée Fleming retrouve son rôle de Manon avec une diction en nets progrès (mais encore perfectible, surtout dans les passages parlés), un timbre toujours aussi frais et sensuel, et une musicalité à toute épreuve, plus femme, dans sa beauté resplendissante et épanouie, que jeune fille coquette et mutine, plus sûre de vaincre que simplement séduisante.
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Marcelo Alvarez joue des couleurs dorées de sa voix, n'hésite pas, hélas, à ouvrir ses aigus sans vergogne, invitant volontiers Massenet chez Verdi. Il n'empêche que son Des Grieux très " latin lover " ne séduit pas que sa partenaire : chaque apparition du couple développe des tonnerres d'applaudissements.
Dommage que l'éclairage toujours au bord de la pénombre les mettent si mal en valeur, presque de bout en bout, le chef dans sa fosse sera mieux éclairé que les chanteurs sur la scène ; un comble.
Autour du couple vedette, les solides Jean-Luc Chaignaud (Lescaut), Alain Vernhes (le comte des Grieux) et Franck Ferrari (Brétigny), le piquant trio Rosette (Delphine Haidan), Poussette (Isabelle Cals), Javotte (Jaël Azzaretti), l'habituelle silhouette de Michel Sénéchal (Guillot), composition qui fait mouche mais frôle malgré tout un cabotinage éhonté.
Une soirée sauvée de la banalité par deux interprètes dont l'amour passionné est crédible malgré une intrigue un peu lapidaire. Considérant leur forme vocale actuelle, Fleming et Alvarez pourraient tout aussi bien chanter le bottin des postes sans entamer une once de leur charme irrésistible.
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Opéra Bastille, Paris Le 27/06/2001 Michel PAROUTY |
| Reprise de Manon de Massenet à l'Opéra-Bastille. | Manon de Jules Massenet
Direction musicale : Jesus Lopez Cobos.
Opéra national de Paris Bastille,
Mise en scène : Gilbert Deflo.
Avec Renée Fleming (Manon), Marcelo Alvarez (Des Grieux), Jean-Luc Chaignaud (Lescaut), Alain Vernhes (le Comte), Franck Ferrari (Brétigny). | |
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