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CRITIQUES DE CONCERTS 21 décembre 2024

Récital du pianiste Georges pludermacher au XVIIIe festival Chopin à Paris.

Chopin sous la peau
© festival Chopin

Après des sonates de Mozart sans sucre et une intégrale Beethoven non moins surprenante d'absence de pathos, on imaginait mal Georges Pludermacher s'accorder avec le romantisme réputé à fleur de peau de Chopin. Naturellement, le pianiste français n'a pu s'empêcher d'aller voir en dessous, mais sans jamais écorcher.
 

Orangerie du Parc de Bagatelle, Boulogne
Le 28/06/2001
Jacques DUFFOURG
 



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  • Georges Pludermacher est un élève dissipé, qui commence son récital par la bagatelle avant de se consacrer à l'étude ; de Chopin bien-sûr, le maître des lieux qui s'arroge naturellement la meilleure part de chacun des deux domaines.

    Ses mazurkas, réminiscences d'exil, dont l'essence dansante et légère est admirablement rendue par l'artiste (rubato, style chaloupé, contrastes de dynamiques), trouvent aussi chez lui leur constante ambivalence de couleur.

    Rare au concert, le piano de Smetana – autre chercheur d'identité nationale - ne voit pas davantage de galéjade dans le genre " futile ". Le pianiste joue, rubato encore, les changements rapides et prémonitoires d'un cahier de jeunesse aux titres adolescents, à la manière du Carnaval de Schumann.

    Le lugubre accord final fait césure avec la première des bagatelles de Beethoven ; que Pludermacher, distancié mais non distant, replace sous son faux-air de simplicité, après l'ultime sonate opus 111. Mais la tension et l'ampleur montent de degré en degré jusqu'à la sixième bagatelle qui clôt la première partie.


    Avec un son puissant et net, une sobre économie de gestes et de buste, Pludermacher offre une merveilleuse palette de teintes et de climats - parfois délétères - qu'il avait déjà faite sienne dans les Diabelli rémoises (éditées chez Transart).

    Même mouvement ascensionnel dans le Chopin de l'opus 25, recueil de bravoure qui ne s'oppose qu'en apparence aux fantaisies apéritives. De la plus élégiaque berceuse à la tempétueuse révolte, et avec des intervalles délibérément courts entre chacunes, l'interprète gravit toutes les marches avec un détachement de sphinx et une foulée olympienne.

    Une main gauche constamment menaçante et ambiguë a bien préparé le brutal paroxysme des deux dernières études, rarement entendues aussi violentes et maîtrisées à la fois. Après quoi, la gaze translucide d'un Debussy (encore des études) vient apporter en bis quelque rémission.

    De fait, le talent de Pludermacher ne tient pas qu'à son refus de tout pathos inutile. Son irréfragable souplesse rythmique - son goût pour le jazz ? -, fait de ce cycle une architecture en mouvement dont la géométrie refuse de se plier à Euclide.

    Au final, d'un élève si brillant, on souhaite qu'il ne délaisse jamais ses études




    Orangerie du Parc de Bagatelle, Boulogne
    Le 28/06/2001
    Jacques DUFFOURG

    Récital du pianiste Georges pludermacher au XVIIIe festival Chopin à Paris.
    Chopin : Les quatre premières Mazurkas, opus 17, Douze Études, opus 25
    Smetana : Bagatelles et Impromptus.
    Beethoven : Six Bagatelles, opus 126

     


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