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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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L'Allegro, il Penseroso ed il Moderato de Haendel avec les Arts Florissants en ouverture du festival de Beaune.
Ouverture atout choeur
Pour ouvrir son édition 2001, le Festival de Beaune a choisi Georg Friedrich Haendel et son sublime oratorio profane intitulé L'Allego, il Penseroso ed il Moderato. La rareté des exécutions de cette partition des plus inspirées de Haendel reste incompréhensible, à l'heure où l'on se bat pour monter des opera seria bien plus coûteux.
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Créé à Londres en 1740, L'Allegro surprend d'abord par son texte, poème de Milton revu et corrigé par Charles Jennens, bannissant résolument tout élément dramatique au profit d'allégories décrivant les " pôles psychologiques " entre lesquels oscille l'esprit humain. Si ce dernier hésite longuement entre l'Allegro et il Penseroso (la mélancolie), c'est pourtant au Moderato, incarnation de la raison, qu'il finit par accorder les lauriers de la victoire.
S'il est étonnant au premier abord de voir Haendel, grand maître de l'opéra, porter son attention sur un sujet aussi peu théâtral, force est de constater que le compositeur réagit au poème de Milton par une musique qui contient en elle-même son théâtre, d'une inventivité de tous les instants et d'une veine mélodique intarissable.
Haendel abandonne momentanément les recettes de l'opera seria : pas d'ouverture, du moins lors de la création, mais simplement quelques sombres mesures orchestrales avant que n'intervienne l'Allegro (pour Beaune, William Christie a choisi cependant d'exécuter des pages tirés de l'opus 6, imitant en cela le compositeur lors de la création) ; pas de récitatifs secs mais de nombreux acccompagnato ; pas d'aria da capo mais des airs relativement courts repris fréquemment par le choeur.
Discutable et discuté lorsqu'il aborde l'opera seria (Orlando et Alcina notamment), William Christie est bien plus à son aise dans cette oeuvre où il n'a pas à bâtir une progression dramatique réelle. Certes, le patron des Arts Florissants tend à privilégier avant tout les éléments légers de la partition, mais il aborde de façon convaincante les interventions du Penseroso, principalement épaulé en cela par le soprano raffiné de Sophie Daneman.
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Avec un timbre plutôt clair, la soprano britannique a offert l'un des meilleurs moments de la soirée, conférant au fameux et rêveur Hide me from day's garisch eye, un phrasé d'une profonde subtilité. Comme à son habitude, son compatriote Paul Agnew a fait preuve d'une vaillance sans reproche dans les vocalises sans pour autant abdiquer sa finesse dans les passages méditatifs.
De son côté, le jeune Tristan Hambleton, délicieux " treble " à l'anglaise , a su faire oublier quelques dérapages par la fraîcheur de son timbre et son enthousiasme. Enfin, un peu en retrait, la basse Andrew Foster-Williams reste cependant honorable.
Mais le grand triomphateur est encore une fois ce choeur des Arts Florissants incontestablement parvenu à maturité, exemplaire de mise en place et de fusion des timbres, capable d'affronter d'un même souffle les vocalises les plus brillantes et les demi-teintes les plus diaphanes, soutenu fidèlement par un orchestre solide. Une bien belle ouverture, atout choeur.
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Festival de, Beaune Le 07/07/2001 Yutha TEP |
| L'Allegro, il Penseroso ed il Moderato de Haendel avec les Arts Florissants en ouverture du festival de Beaune. | Oratorio profane en trois parties, sur un poème de John Milton, adapté et augmenté par Charles Jennens.
Avec Sophie Daneman (soprano), Tristan Hambleton (soprano), Paul Agnew (ténor), Andrew Foster-Williams (basse).
Choeur et orchestre des Arts Florissants
William Christie, direction | |
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