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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Concert de l'Orchestre National Philharmonique de Hongrie dirigé par Zoltan Kocsis au festival de Colmar.
Le fils caché d'Hitchcock ?
À Colmar, l'Église Saint-Matthieu a toujours été le lieu des grand-messes. À l'office du vendredi soir, Zoltan Kocsis, tout à la fois pianiste et chef d'orchestre, a lutté contre une météo particulièrement bruyante. L'orage a bel et bien failli triompher de son énergie, il n'en fut rien : face au déluge de notes du Premier Concerto de Liszt, les Dieux ont fini par renoncer !
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En lisant le programme, on craignait l'imposture. Le Premier Concerto de Liszt, dirigé du piano ! Aucun homme ne peut faire cela : trop de notes pour si peu de doigts ! L'affaire semblait entendue.
Certes, les Danses hongroises de Brahms, sous sa direction, avaient trouvé une intensité formidable, et surtout une étonnante modernité, comme si ces arrangements de musiques populaires étaient en fait joués par un musicien tzigane pour qui les notions de " rupture historique " n'ont évidemment aucun sens.
Pour faire cela avec un orchestre moderne, il faut être sorcier et dont on se gardera bien d'en percer le secret de peur d'en briser le charme.
Le Concerto de Liszt, on l'aura compris, participe du même prodige. D'abord parce que les rares ruptures du discours ont été totalement masquées par l'énergie rythmique du pianiste-chef. Ensuite parce que la prodigieuse virtuosité dont Zoltan Kocsis a fait preuve a produit quelque chose de transcendant et là aussi d'incroyablement moderne, jusquà balayer le peu que l'on prétend comprendre de l'histoire de la musique.
Pour cela, il faut évidemment plus d'abandon que de maîtrise et si l'on a entendu des interprétations plus fouillées et plus équilibrées, ce genre d'incarnation est plus rarement à l'ordre du jour.
Restaient Bartok et son redoutable Concerto pour orchestre. Là encore, la fibre magyare de Zoltan Kocsis a fait la différence : formidable sens de la dramaturgie, construction narrative à la fois poétique et inquiétante dont chaque accent, chaque crescendo, chaque note enfin, semblait inventé sur place. Faire d'une oeuvre aussi connue un monument de suspense tient évidemment du prodige. Kocsis serait-il un fils caché d'Hitchcock ?
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Festival de Colmar, Colmar Le 06/07/2001 Mathias HEIZMANN |
| Concert de l'Orchestre National Philharmonique de Hongrie dirigé par Zoltan Kocsis au festival de Colmar. | Bartok : Concerto pour orchestre
Liszt : Premier Concerto pour piano
Brahms : Danses hongroises | |
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