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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Rencontres inédites de musique de chambre au festival de Verbier.
Concerts à sketches
© Eric Sebbag
Consulter le programme du festival de Verbier suscite le même enthousiasme gourmand que lire des affiches de films à sketches des années soixante: une distribution de grand luxe, des rencontres inédites, des vedettes qui n'hésitent à faire juste une apparition ou à donner la réplique.
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Pour les jeunes musiciens, le festival (Verbier Festival & Academy, précisément) offre la possibilité de travailler auprès de grands maîtres (piano ou cordes) en atelier réduit (huit personnes). On l'aura deviné : artistes et pédagogues se confondent la plupart du temps. Stephen Kovacevich, Ida Haendel, Gérard Caussé ou Frans Helmerson auront donc l'occasion de se croiser sur scène, le temps d'un concert, après avoir enseigné dans la journée.
La réciproque n'est pourtant pas nécessaire pour se produire dans ce festival du Valais. Les Martha Argerich, Yuri Bashmet et autres Vadim Repin participent à la fête sans dispenser leur savoir. Fête de la musique : la formule, éculée et même estampillée, prend dans ses montagnes suisses toute sa pleine mesure. Du matin au soir, sans pétards ni tambours, la petite ville se met en effet au diapason.
Ateliers pour les jeunes artistes (musique et danse), répétitions du concert du soir ou de l'UBS Verbier Festival Youth Orchestra (orchestre de jeunes fondé l'an passé à l'initiative de la célèbre entreprise financière) conduit par son chef James Levine, concerts des jeunes de l'académie en fin d'après-midi ou dans la soirée : toutes ces manifestations sont libres d'accès.
Cette originalité et cette ouverture d'esprit régissent aussi la programmation des concerts. Ces rencontres inédites de musique de chambre suivent un parcours peu commun : jamais le même effectif durant le concert.
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D'abord un trio puis un duo et un sextuor, par exemple. " Verbier est une sorte d'anti-Salzbourg, explique Martin Engstroem, directeur général et fondateur du festival. Y règne une certaine insécurité. Les artistes doivent travailler des oeuvres nouvelles avec des partenaires qu'ils ne connaissent pas toujours pour se présenter ensuite dans une tente. "
C'est en effet une immense tente (1 600 places) qui abrite les concerts dans une acoustique, contre toute attente, excellente, à la fois généreuse et précise. Face au succès du festival (aujourd'hui le deuxième de Suisse, pour la fréquentation : 20 000 spectateurs en 2000), une véritable salle se profile. Les architectes présenteront leurs plans l'an prochain.
Eloge du métissage
Parmi les rencontres organisées par cette huitième édition, on aura pu entendre Michael Collins, Gérard Caussé et Leif Ove Andsnes partager le bouleversant et laconique Hommage à Robert Schumann de Kurtag. Musique minimaliste, presque avare, mais qui réussi à exprimer beaucoup en très peu de notes.
Pour la seconde partie du même concert, on a pu redécouvrir l'impressionnante maîtrise de la violoniste Ida Haendel en compagnie du pianiste Ithamar golan pour une Troisième sonate pour violon et piano d'Enesco. Derrière son " brushing " impeccable et sa robe fleurie, Haendel y déploie une musicalité sans fard avec un archet très sûr et une main gauche capable d'une rare maîtrise de l'amplitude du vibrato.
Ce concert métissé s'achevait avec la fusion d'Ilya Gringolts (excellent jeune violoniste petersbourgeois), Yuri Bashmet, Jian Wang et Leif Ove Andsnes dans le Troisième Quatuor avec piano de Brahms. Étonnante réussite pour des artistes dont ce fut la première rencontre : beaucoup d'allure et de panache sans aucun sentimentalisme superflu.
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L'événement du lendemain était la réunion à deux pianos ou à quatre mains de Martha Argerich et Evgeny Kissin. Affluence garantie. La rencontre des deux pianistes a évidemment éclipsé une première partie de concert consacrée au Sextuor op. 18 de Brahms.
Entre la grande Martha et l'éternel adolescent qu'est resté Kissin, la virtuosité de l'un n'a rien à envier à l'autre, cependant, les deux pianistes n'usent pas du même style. Volcanique mais superbe de couleur et de matière pour la première, plus métrique et " abstrait " pour le second.
Après un Mozart plutôt anonyme, ils ont peint d'irréels Nocturnes de Debussy avant d'étourdir un public qui ne demandait pas mieux par les sortilèges de Scaramouche de Debussy et des Variations Paganini (bis idéal) de Lutoslawski.
Alors que la présence d'Argerich à un concert n'est désormais plus garantie (elle ne s'engage jamais par contrat !), on comprend qu'elle n'ait pas " séché " ce festival qui correspond si idéalement à son sens de la convivialité et de l'hospitalité en musique.
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Festival de Verbier, Le 26/07/2001 Philippe VENTURINI |
| Rencontres inédites de musique de chambre au festival de Verbier. | 25 juillet
Salle Médran
Rencontres Inédites
Ilya Gringolts, violon
Ida Haendel, violon
Yuri Bashmet, alto
Gérard Caussé, alto
Jian Wang, violoncelle
Michael Collins, clarinette
Leif Ove Andsnes, piano
Ithamar Golan, piano
Kurtag : Hommage à Schumann pour clarinette, for clarinet, viola and piano (Collins, Caussé, Andsnes)
Enesco : Sonata pour violon et piano No. 3 en la mineur op. 25 (Haendel, Golan)
Brahms : Quatuor avec piano No. 3 in do mineur op. 60 (Gringolts, Bashmet, Wang, Andsnes)
26 juillet
Salle Médran
Rencontre Argerich Kissin
Martha Argerich piano
Evgeny Kissin piano
Mozart : Sonate in ré majeur à quatre mains KV 448
Debussy : Prélude à l'après-midi d'un faune
Milhaud : Scaramouche
Verbier Festival & Académie jusqu'au 5 août.
tél : 00 41 21 925 9060
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