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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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XIX° Festival International d'Orgue de Bordeaux : " Musica in Cathedra ".
Bordeaux, les bons tubes de l'été
Le grand orgue Dom Bedos de l'abbatiale Sainte-Croix de Bordeaux.
Trois générations d'organistes se sont succédé en trois jours à Bordeaux, sur trois instruments différents, dans le cadre du XIX° festival international d'orgue ; une manifestation qui mérite le détour même si elle est moins connue que sa rivale automnale toulousaine, dotée il est vrai de moyens plus conséquents.
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Organiste titulaire à Saint-Spire de Corbeil, Bruno Mathieu défendit avec conviction et brio un programme d'orgue symphonique allant du début à la toute fin du XXe siècle. Le monumental et composite orgue de St-André, à l'image de son écrin la cathédrale bordelaise, se prête idéalement aux architectures de Franck, Vierne, Dupré
et Mathieu lui-même (Te Deum, créé à Notre-Dame de Paris le 31 décembre 2000).
L'organiste a totalement refondu le programme initial pour rendre hommage à son maître Jean Langlais, et aux inspirateurs de celui-ci – et ce, totalement de mémoire. Si le positif donne à goûter des mélismes purs et nets (Franck, Langlais, Messiaen, Mathieu), le grand-orgue très sollicité (Langlais encore, Franck, Vierne, Dupré) pâti d'un excès de réverbération dans la haute cathédrale ; l'instrument très large étant trop proche des murs de la nef. Il est vrai aussi que l'artiste, malgré un sens sculptural poussé (le Carillon de Westminster de Vierne !) manie souvent sans retenue le grand plein jeu.
Tel n'est pas le cas de Laurent Jochum. À 25 ans, ce titulaire de Saint-Jean-Baptiste de Belleville est déjà un habitué des prestations hors de ses murs. Son très bref récital, de Bach à Escaich (né en 1965) offre un point de vue dense et difficile, en forme d'acte de contrition. Totalement possesseur de l'instrument mixte de St-Seurin (remanié dans le but assez risqué d'épouser tous les répertoires, mais doté de jeux de flûtes ébouriffants), ce Lorrain ne veut pas d'un Bach ostentatoire. La fugue qui couronne la Fantaisie en sol mineur BWV 542 conserve l'intériorité angoissée de son portique, n'envisageant pas même de rémission dans la strette.
Rien de plus logique que de poursuivre par le redécouvreur de Bach, Mendelssohn. Le chef-d'oeuvre qu'est la sixième Sonate, retable à trois vantaux (Choral et Variations, Fugue, Andante) est bien replacé par Jochum dans son ascèse luthérienne ; laquelle n'exclut ni d'admirables récits en duo, ni un jeu crémeux, tant cette fois-ci dans le grand-orgue que le positif. Un Dupré et un Escaich, aux grands pleins jeux, viennent conclure en recourant par trois fois à la même croissance dans la méditation.
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La troisième messe de François Couperin
Si l'abbatiale Ste-Croix est cantonnée à la périphérie bordelaise, c'est sans doute pour mieux réserver la surprise et le plaisir d'y découvrir un orgue Dom Bedos rénové en 1997, et en tout point exceptionnel. Au plaisir de l'œil (dorures élégantes sur buffet vert émeraude) s'adjoint celui de l'oreille, dès que François Delor fait sonner le plus modeste tuyau. Venu du Temple de la Fusterie à Genève, ce " vétéran " est aussi théoricien, transcripteur et compositeur. Son parcours du jour, couvrant tout le Grand Siècle français et saxon, fait profiter, par un toucher aussi orné que rigoureux, de tous les joyaux dont l'instrument n'est pas avare.
Parmi ceux-ci, des jeux d'anches - clairon, bombarde, trompette – des plus séduisants, que la Suite du troisième ton de Guilain fait retentir avec générosité. Au trop rare Sweelinck (Fantaisie, Ballo del Granduca), Delor apporte la plastique encore sobre du premier Baroque, contenant de bout en bout le grand plein jeu, quand celui-ci anticipe sur Reincken ou Buxtehude. Le francophile Muffat, élève de Lully, est représenté par une Toccata des plus libres (troublant choral entre deux passages fugués très élaborés).
Mais la plus grande merveille échoit à François Couperin. Le Genevois a arrangé cinq de ses pages vocales de la période versaillaise (La Chapelle Royale). L'orgue bénéficiant d'un clavier entier de bombarde, c'est un régal de l'entendre sous ses doigts briller dans le Magnificat, alors que les Petits Motets font déguster un positif précis, souple et poétique. Finissant par un splendide Offertoire sur les grands jeux, François Delor crée ainsi une manière de troisième recueil organistique du maître de Saint-Gervais ; quand on devait jusqu'à présent se contenter des deux grandes Messes.
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| Le 19/07/2001 Jacques DUFFOURG |
| XIX° Festival International d'Orgue de Bordeaux : " Musica in Cathedra ". | 17 juillet : Bruno Mathieu (Paris) – Langlais, Franck, Vierne, Dupré, Messiaen, Mathieu – Orgue Isnard-Henry-Wenner-Boisseau
de la Primatiale Saint-André.
18 juillet : François Delor (Genève) – Sweelinck, Guilain, F. Couperin, Muffat – Orgue Dom Bedos de Celles de l'Abbatiale Sainte-Croix.
19 juillet : Laurent Jochum (Paris) – Bach, Mendelssohn, Dupré, Escaich – Orgue Micot-Wenner-Maille-Gonzalez de la Basilique Saint-Seurin. | |
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