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CRITIQUES DE CONCERTS |
30 décembre 2024 |
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Représentation de l'opéra-bouffe Li Zite ‘ngalera de Leonardo Vinci au festival de Radio-France et de Montpellier.
Une galère exquise
Deux ans après la Cité de la Musique et un coffret radieux chez Opus 111, Antonio Florio a redonné Li Zite ‘ngalera (les Fiancés en galère) de Leonardo Vinci au festival de Montpellier. De la savoureuse cuisine napolitaine qui mélange joyeusement commedia dell'arte, opéra-bouffe et théâtre à intrigues filandreuses.
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Festival de Radio France et Montpellier, Opéra Berlioz Le Corum,
Le 24/07/2001
Jacques DUFFOURG
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Bons baisers d’Eltsine
Chambre déséquilibrée
RĂ©gal ramiste
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Si l'intermède La Serva padrona de Pergolesi est passé à la postérité comme l'envol du style buffa, en raison de son immense triomphe, il n'en fut pas, loin s'en faut, le créateur. Leonardo Vinci, qui fut avec Durante un maître de Pergolesi, offrait dix ans auparavant à sa ville de Naples cette comédie, Li Zite n'galera, la seule de ses dix en dialecte napolitain qui ait survécu ; et couronnée d'un retentissant succès.
Neuf chanteurs-acteurs pour dix-sept instrumentistes, en tout et pour tout, ont à défendre durant près de trois heures l'essence même de la commedia : l'équivoque. Résumer l'intrigue est un exercice vain, le but de ce type de pièce étant moins l'action elle-même que sa conduite. On y trouve tous les éléments nécessaires au comique de situation, avec un écheveau de confusions amoureuses compliquées à plaisir de rebondissements et querelles.
Saddumene, le librettiste, ne se prive pas du sel des travestissements croisés (femme déguisée en homme et inversement), à quoi Vinci rajoute le piment des ambiguïtés vocales (rôle masculin chanté par une femme, et surtout la réciproque : irrésistible dérivée d'Arnalta nymphomane, tenue par Giuseppe " Pino "de Vittorio).
Lorsque les deux duplicités se superposent (Roberta Andalò, manière de serviteur un moment revêtu de féminins oripeaux), on réalise que Mozart et Strauss n'ont rien inventé. Encore une pincée de théâtre dans le théâtre (déjà !), une impayable turquerie (l'arrivée d'Hassan, la danse ottomane), un langage souvent vert et à double sens, ainsi qu'une découpe des scènes ultra-rapide : et l'on obtient le parangon de l'ouvrage composite qui fond des langages connus en un alliage neuf.
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Les notes au diapason de l'action
Encore faut-il que l'autre langage, celui des notes, rivalise de brio. On n'est guère déçu. Quand l'action fuse de toutes parts, la musique jaillit de même. Si la formule rhétorique dominante est l'aria da capo (air chanté deux fois) que Vinci contribua a formaliser dans ses opere serie, on est loin, très loin, de sa monotone continuité.
Chacun des trois actes est couronné d'un finale polyphonique, court mais travaillé à l'extrême. Entre eux, le compositeur se plaît à essayer toutes les formules qui courent sous sa plume, c'est-à -dire les meilleures : interludes orchestraux, ariosos, récitatifs accompagnés, duos ; et un étonnant et très long trio de réconciliation (vers la fin de l'acte II) qui oscille sans fin entre l'anxiété et la tendresse, même Haendel n'a pas fait mieux.
La simplicité cellulaire des airs (qui ne rime en rien avec indigence) permet un épanchement mélodique constamment renouvelé, que Antonio Florio ordonne et contraste avec un petit effectif (trois vents seulement) toujours spirituel, velouté et caressant. Magnifique accompagnement des scènes (clavecin, archiluth, théorbe, violoncelle
), d'une sobre mais inusable variété.
Si tous les instrumentistes méritent plus qu'un satisfecit, on se régale de surcroît d'une splendide équipe de chanteurs, musiciens accomplis autant que comédiens chevronnés. Seule Maria Ercolano, dans la peau du primo uomo, refroidit quelque peu avec ses aigus frêles et instables. Tous les autres sont à louer sans réserve avec mention spéciale au baryton de Giuseppe Naviglio, deux personnages à lui seul.
Ne dépare pas la mise en espace de Christophe Galland, à l'image du reste : légère, efficace, caustique. Bref, des galères comme celle-ci, on en redemande.
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Festival de Radio France et Montpellier, Opéra Berlioz Le Corum, Le 24/07/2001 Jacques DUFFOURG |
| Représentation de l'opéra-bouffe Li Zite ‘ngalera de Leonardo Vinci au festival de Radio-France et de Montpellier. | Li Zite ‘ngalera (les Fiancés en galère) de Leonardo Vinci (±1693-1730)
La Cappella della PietĂ dei Turchini,
Direction : Antonio Florio.
mise en espace de Christophe Galland
Avec Maria Ercolano, Emanuela Galli, Roberta Invernizzi, Giuseppe de Vittorio, Daniela del Monaco, Rosario Totaro, Roberta Andalò, Giuseppe et Pietro Naviglio
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