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CRITIQUES DE CONCERTS |
30 décembre 2024 |
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Musique de chambre au Festival de l'Empéri en Provence.
La vie de château
Comme Lockenhaus ou Deauville, le jeune festival du château de L'Empéri est une manifestation créée par des musiciens, pour des musiciens. À ce titre, l'ambiance de convivialité presque unique qui y règne et les rencontres souvent inédites qui s'y déroulent (entre interprètes ou avec les partitions) justifient amplement son succès.
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Bons baisers d’Eltsine
Chambre déséquilibrée
RĂ©gal ramiste
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C'est une belle aventure que celle de " Musique à l'Empéri ". Elle commence en 1992, lorsque le pianiste Eric Le Sage et le clarinettiste Paul Meyer, auxquels se joint aussitôt le flûtiste Emmanuel Pahud, décident, forts de l'expérience de quelques concerts donnés dans une église provençale, de créer leur festival, consacré à la musique de chambre.
Avec un budget minime (il l'est resté, même si les organisateurs ne mettent plus la main à la poche) et beaucoup d'enthousiasme. Avec, aussi, des amis, toujours plus nombreux- sept ou huit musiciens en tout au départ, vingt-trois cet été.
Que peut-on entendre, dans l'élégante cour Renaissance de ce premier château-fort de Provence ? Tout ce que ces éminents solistes ne peuvent pas jouer ailleurs, ce qui leur fait plaisir et qu'aucun organisateur de concert ne leur demande. Originalité des programmes, diversité des formations, niveau superlatif des exécutants : le succès croissant de " Musique à l'Empéri " est facile à résumer.
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Sans doute eût-il mieux valu commencer la soirée par le délicieux Konzertstück pour deux clarinettes et piano de Mendelssohn, brillamment enlevé, que par le trio opus 114 de Brahms pour piano, clarinette et violoncelle, très équilibré du point de vue sonore mais qu'on peut penser de manière encore plus émouvante.
En conclusion, le Grand Septuor opus 2 pour violon, violoncelle, contrebasse, flûte, clarinette, basson et trompette, exubérante fête de timbres et de couleurs, un peu bavarde, toutefois, mais joués avec un chic et une verve confondants, et ce sens de l'ironie qui rappelle certains côtés de Dimitri Chostakovitch.
Entre ces deux parties, deux chefs-d'oeuvre, et les plus beaux moments de cette soirée-fleuve. Dans la Sérénade pour deux clarinettes et trio à cordes de Bohuslav Martinu, Portal et Meyer, soutenu par des cordes vibrantes et lumineuses, fondent leurs sonorités pourtant si différentes, accordent leur vibrato. L'invention mélodique et le sens des timbres dont fait preuve le compositeur ont rarement trouvé plus habiles défenseurs.
La Sérénade pour flûte, harpe et trio à cordes d'Albert Roussel est un joyau de la plus belle eau, poétique et souriant, intensément séduisant. De ces pages dont le parfum est aussi subtil que mystérieux, les cinq complices, emmenés, dans les mouvements extrêmes, par la flûte aérienne et idéalement pure d'Emmanuel Pahud, et guidés, dans l'Andante, par la harpe rayonnante de Julie Palloc, donnent une vision inoubliable, symbole, à elle seule, d'un festival pas comme les autres, qui fêtera ses dix ans de vie de château en 2002.
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Château de l\'Emperi, Salon de Provence Le 07/08/2001 Michel PAROUTY |
| Musique de chambre au Festival de l'Empéri en Provence. | Musique à l'Empéri.
Paul Meyer, Michel Portal (clarinettes), Emmanuel Pahud (flûte), Gilbert Audin (basson), David Guerrier (trompette), Eric Le Sage (piano), Julie Palloc (harpe), Gordon Nikolitch (violon), Hariolf Schlichtig (alto), François Salque (violoncelle), Yasunori Kawahara (contrebasse). | |
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