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CRITIQUES DE CONCERTS |
30 décembre 2024 |
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Récital du violoniste Gérard Poulet et du pianiste Kun Woo Paik au festival de Dinard côte d'Émeraude en Bretagne.
À fond sur la détente
Cette année, le festival de Dinard répondait au thème un peu inhabituel de " Musique en famille ". Directeur artistique du festival breton, le pianiste Kun Woo Paik l'a voulu simplement une réunion de musiciens qui s'apprécient aussi bien à la scène qu'à la ville. Pour son concert du 18 août avec Gérard Poulet, la fraternité d'esprit était flagrante.
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Bons baisers d’Eltsine
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Peu avant le concert, l'on pouvait voir Kun Woo Paik en sandales et chemise large, mêlé au public, devisant avec ses amis, affichant un sourire et une décontraction rares : convivial, comme l'est l'esprit de ce Festival dont il est également le directeur artistique.
À son clavier, c'est la même détente, tout comme celle de son ami et violoniste Gérard Poulet dont la concentration est aussi visible que l'aisance naturelle qui est sienne. Sans doute effet de conjonction entre le cadre estival de rêve et du plaisir d'être sur scène (avoué par de grands sourires scotchés aux visages des musiciens), une atmosphère particulière règne sur ce concert.
C'est avec la sonate n° 1 pour violon et clavier de Bach qu'il débute. Après quelques mesures de flottement, ils composent rapidement un alliage harmonieux entre leurs jeux et leurs sonorités. Le violoniste tire de son instrument flambant neuf - il vient de l'acquérir en Chine et sa construction remonte seulement à quatre ans - un halo de lumière aux contours paradoxalement bien définis.
Son discours éthéré à la mélodie planante, est sans aucun accent ni heurt : la ponctuation rythmique et l'articulation se fondent avec souplesse, au détriment peut-être de l'architecture, comme volontairement gommée au profit d'un maximum de fluidité. La pulsation vient de l'excellente main gauche du pianiste, mais qui lui aussi adopte un toucher peut-être trop diaphane pour Bach.
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Saint Saëns bénéficie de beaucoup plus de relief. Gérard Poulet distille un son plus éclatant et moins translucide. Ses attaques sont plus fermes, le jeu devient incisif et plein de vitalité. De son côté, Kun Woo Paik maîtrise parfaitement le clavier et ce morceau d'une grande virtuosité ne le paraîtra jamais.
Le pianiste est presque capricieux, avec ses accents rageurs, ses dynamiques habilement contrastées. À l'adagio, on est suspendu à chacune des notes, exceptionnelles de densité et de profondeur. Mais surtout, l'ensemble dégage un charme aussi immédiat que difficile à cerner. L'osmose entre les deux musiciens en est-elle la clé ?
L'écriture éminemment concertante se retrouve dans la célèbre sonate à Kreutzer de Beethoven. Pour elle, les deux musiciens parviennent à relever d'un cran une plénitude de jeu pourtant déjà très haute. La déclamation est ample, le phrasé d'une grande liberté, les basses généreuses, les plans sonores sont finement détachés et l'agogique, bien que souple, n'est jamais diluée.
Leur Beethoven oscille entre verve romantique et sobriété classique, les deux musiciens poussant à l'extrême les possibilités expressives sans ne jamais sombrer dans le pathos ou l'exagération. L'on retiendra chez le violoniste son étonnante capacité à varier la luminosité de son timbre et chez le pianiste, son jeu altier.
Au final, un concert d'une grâce qui n'est sans possible qu'en période estivale avec mer calme, ciel d'azur, mouettes, petits oiseaux et surtout des musiciens à fond sur la détente.
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Festival de Dinard côte d'Émeraude, Dinard Le 18/08/2001 Pauline GARAUDE |
| Récital du violoniste Gérard Poulet et du pianiste Kun Woo Paik au festival de Dinard côte d'Émeraude en Bretagne. | Gérard Poulet, violon
Kun Woo Paik, piano
Bach : Sonate n° 3
Saint-Saëns : Sonate n° 1
Beethoven : Sonate n° 9 "à kreutzer"
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