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CRITIQUES DE CONCERTS |
30 octobre 2024 |
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Concert du Gewandhaus de Leipzig dirigé par Herbert Blomstedt aux Proms de Londres.
Mendelssohn peut
dormir tranquille
Les Proms de Londres aiment les grands orchestres de renom. Fin août dernier s'y produisait le prestigieux Gewandhaus de Leipzig dirigé par Herbert Blomstedt. Si le programme qui a fait vibrer le Royal Albert Hall ce soir-là était sans surprises, il n'en a pas moins confirmé que, tel le vin, un orchestre se bonifie souvent avec l'âge.
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À l'heure des orchestres transnationaux et du “son international”, les musiciens de Leipzig démontrent une fois de plus la supériorité d'un orchestre composé de musiciens tous issus du même creuset musical, et pour lesquels la cohésion des cordes, des cuivres et des vents est devenue quasiment génétique.
Pour cette soirée des concerts promenades, le programme ne recélait que des grands classiques du répertoire comme la symphonie du Nouveau Monde ou des extraits du Songe d'une nuit d'été; donc guère de surprises en perspective. Pourtant, c'est une véritable leçon qu'a donnée l'orchestre guidé par Herbert Blomstedt.
Tout d'abord on est frappé par la sonorité drue des cordes et leur parfait équilibre interne. C'est probablement le dernier orchestre européen, avec leur voisin de Dresde, qui ait conservé cette franchise dans l'émission, cette qualité d'attaque qui le distingue immédiatement.
La musique de scène pour la pièce de Shakespeare, composée par un Mendelssohn de 17 ans, est proposée pour ainsi dire en version originale. L'ouverture est enlevée et la marche nuptiale pleine de majesté. Le Suédois Herbert Blomstedt, qui a succédé à Kurt Masur en 1998, semble entretenir d'excellentes relations avec son orchestre. On aimerait juste une petite pointe de fantaisie ici et là dans sa direction, certes pas routinière, mais parfois incolore.
Quelques instants plus tard, il ne reste guère en scène que 20 musiciens pour accompagner le violoncelliste norvégien Truls Mørk dans le concerto N° 1 en ut majeur de Haydn. Métamorphosés en chambristes accomplis, les musiciens offrent une lumineuse version de ce petit chef-d'oeuvre classique qui ne fut retrouvé, par hasard, qu'en 1961. Le jeu franc et gracieux du soliste est en parfait accord avec les cordes.
Pour finir, la pièce de résistance de ce concert : la symphonie du Nouveau Monde de Dvorak. Un chef-d'oeuvre, malheureusement très rabâché par la publicité, qui retrouve aux Proms ses rudes et vives couleurs d'origine, celles qui expriment l'intense mal du pays du compositeur qui écrivit cette symphonie à New York en 1893.
La nostalgie prenante du premier mouvement est traduite subtilement par des pupitres des vents d'une extraordinaire clarté. Pas même la pluie violente qui s'abat sur le toit de l'Albert Hall durant le second mouvement ne parvient à relâcher l'attention du public sous le charme. Blomstedt semblant parfaitement à son affaire dans le répertoire tchèque.
Mendelssohn peut donc dormir tranquille, par-delà les siècles et les répertoires, son orchestre conserve ses qualités uniques.
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Royal Albert Hall, London Le 30/08/2001 Christine LETEUX |
| Concert du Gewandhaus de Leipzig dirigé par Herbert Blomstedt aux Proms de Londres. | Mendelssohn Le songe d'une nuit d'été (extraits)
Haydn Concerto pour violoncelle No 1 en ut majeur, Hob. VIIb : 1
Dvorak Symphonie No 9 en mi mineur, 'Du Nouveau Monde', Op. 95
Truls Mørk (violoncelle)
Orchestre du Gewandhaus de Leipzig
Direction : Herbert Blomstedt | |
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