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CRITIQUES DE CONCERTS |
30 octobre 2024 |
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Spectacle autour des Carmina Burana des XI et XIIe siècles au festival Voix et route Romane de Strasbourg.
Théâtre in vitraux
Si les Carmina Burana doivent leurs succès à Carl Off, l'origine médiévale de ces textes du XIe et XIIe siècles, ainsi que les musiques qui lui sont associées, sont bien moins connues. C'est avec elles que le festival Voix et route Romane de Strasbourg débutait, avec à la clef une périlleuse tentative d'introduire le théâtre à l'église.
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Mise en scène et costumes, les musiciens promettaient du spectacle. C'est qu'on ne badine pas avec le latin, fût-il au service de textes gentiment paillards ou franchement cochons. Ainsi, avec la complicité du metteur en scène Alain Carré (transformé pour l'occasion en imprécateur et récitant), les forces conjuguées du Concert dans l'Œuf et de l'Atelier Polyphonique de Bourgogne ont tenté la gageure de redonner vie à des formes musicale et littéraire aujourd'hui très éloignées de la culture contemporaine.
Pourtant, les interprètes ne se sont pas dérobés devant la difficulté. Rarement on a pu observer visages plus attentifs, concentrés, au point que dans les regards, la musique semblait circuler avant même que les sons ne parviennent aux oreilles. Ce genre d'attitude favorisant le recueillement, il n'était pas étonnant que les musiques les plus introspectives aient été également les mieux jouées.
Mais pour que le passage des siècles se fasse oublier, ce spectacle aurait gagné à s'affirmer jusqu'au bout en tant que tel, sans laisser le moindre répit au public ni surtout le temps de prendre la moindre distance. Mission impossible ? Peut-être. En tout cas difficile dans une église, un lieu mais pas une scène, qui recadre forcément la prestation dans le rituel du concert "classique", ce, malgré les costumes bigarrés des interprètes.
Ainsi, malgré les interventions réjouissantes d'Alain Carré destinées à assurer le lien entre les textes, on restait à distance devant un objet étrange, souvent troublant, mais sans référence auxquelles se raccrocher, sans personnages avec lesquels on puisse s'identifier.
En matière d'interprétation, ce n'est évidemment pas sur le terrain musical que les problèmes se sont posés. Si l'on peut émettre quelques réserves, elles sont trop maigres pour qu'on s'y attarde. C'est plutôt à la jonction du théâtre et de la musique, dans la position des chanteurs aux prises avec le travail d'acteur, que les choses se sont gâtées.
En effet, une certaine timidité, une légère maladresse imprégnait l'ensemble, en particulier dans l'avant dernière pièce, un hommage au vin et à l'ivresse. Cependant, ces griefs ne concernent pas tous les chanteurs et l'on doit au ténor Léo Richomme une véritable composition, même si cette figure d'ivrogne titubant au rythme de la musique manquait singulièrement de force et se dispersait au fil du texte.
On se tromperait en déduisant de ces critiques un échec du projet. Encore une fois, le mouvement musical suffisait souvent à lui-même et le travail des musiciens, en la matière, reste digne d'éloge. Mais en entrant dans l'église, on rêvait d'une fresque mouvementée peuplée de personnages étonnants, d'un petit théâtre musical à cheval entre deux millénaires. Et le théâtre, hélas, est resté purement sonore.
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Festival Voix et route Romane, Strasbourg Le 08/09/2001 Mathias HEIZMANN |
| Spectacle autour des Carmina Burana des XI et XIIe siècles au festival Voix et route Romane de Strasbourg. | Le Concert dans l'Œuf et l'Atelier Polyphonique de Bourgogne
Mise en scène : Alain Carré
Avec Léo Richomme (ténor), Hélène Bernardy (soprano), Alain Carré (récitant). | |
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