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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Clôture des Rencontres Musicales de Vézelay avec l'ensemble La Fenice dirigé par Jean Tubéry.
La Faucheuse mortifiée
Dans le parcours choral que les Rencontres Musicales de Vézelay avaient élaboré cette année, il revenait à Jean Tubéry et à La Fenice de défendre les couleurs de l'Oratorio baroque, en l'occurrence une oeuvre rare de Giovanni Battista Bassani, La Morte Delusa. Si la Mort fut bel et bien trompée, ce ne fut pas le cas du public.
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Recontres Musicales, VĂ©zelay
Le 24/08/2001
Yutha TEP
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Dans La Morte Delusa de Bassani, l'empoignade qui oppose plusieurs figures allégoriques (La Mort, la Gloire, la Justice, la Pitié et Lucifer se disputent la primauté) paraît assez obscure pour le public du XXIe siècle. Toutefois, elle est prétexte d'une foisonnante inventivité mélodique et d'une justesse permanente dans l'illustration des caractères comme des affects.
De plus, grâce à une utilisation habile des timbres instrumentaux, la musique de Giovanni Battista Bassani constitue un jalon important du style concertant bolonais, et plus généralement de la musique d'église de l'Italie du Nord.
Elle a aussi pour caractéristique principale (et originale, s'agissant d'une oeuvre datant de 1686) de faire appel à un cornet à bouquin obligé dans plusieurs airs : magnifique occasion pour Jean Tubéry de faire montre de son étonnante volubilité sur cet instrument rare. En tant que chef, l'art de Tubéry est connu : pas de frénésie, pas d'excès dans la recherche de dramatisme, mais une attention raffinée aux détails et aux couleurs, qui ne sacrifie en rien la progression théâtrale.
Il est vrai aussi qu'il aime à s'entourer de musiciens minutieusement élus, et l'on ne s'étonnera pas de constater, une fois de plus, la cohésion de l'ensemble. Au continuo par exemple, on note les présences de Sébastien d'Hérin à l'orgue et de Laurent Stewart au clavecin, l'un et l'autre inversant les rôles lors de la deuxième partie.
La distribution vocale brille par une homogénéité presque égale. Daniela del Monaco est La Morta, faisant trembler la basilique de Vézelay de graves poitrinés spectaculaires ; quel dommage que son engagement dramatique soit quelque peu dilué par un médium inexistant. François Piolino, lui, n'a guère de problème de ce type, et sa Giustizia bénéficie pleinement d'une projection insolente, la plus incisive de la soirée.
Sans être mémorable, la contribution de Jean-Claude Saragosse n'appelle aucun reproche, portrait de Lucifer plein d'une morgue plus théâtrale que vocale. Mais au final, les deux réussites de la soirée reviennent incontestablement à Philippe Jaroussky et à Emmanuela Galli.
Comme dans Catone à l'Opéra-Comique, le jeune contre-ténor français doit encore trouver une projection plus affirmée, particulièrement dans le grave, mais on s'incline devant une intelligence du chant de tous les instants qui a fait de son premier air, Ogni stila, avec simple accompagnement de violoncelle en pizzicati et théorbe (belle intervention de Mathias Spaeter), un pur moment de grâce.
Musicienne elle aussi délicate, Emmanuela Galli en Pietà a su toucher par une voix veloutée, lumineuse dans les aigus. Consolation pour ceux qui ont manqué le rendez-vous, un disque suivra avec les mêmes acteurs. Ce n'est pas si souvent que la Mort se retrouve elle-même mortifiée
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Recontres Musicales, VĂ©zelay Le 24/08/2001 Yutha TEP |
| Clôture des Rencontres Musicales de Vézelay avec l'ensemble La Fenice dirigé par Jean Tubéry. | Oratorio La Morte Delusa de Giovanni Battista Bassani
Ensemble La Fenice
Jean Tubéry, cornet & direction
Avec Emmanuela Galli (soprano – La Pietà ), Daniela del Monaco (contralto – La Morte), Philippe Jaroussky (contre-ténor – La Gloria), François Piolino (ténor – La Giustizia), Jean-Claude Saragosse (basse – Lucifero).
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