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CRITIQUES DE CONCERTS |
30 octobre 2024 |
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Nouvelle production d'Attila de Verdi au Théâtre national de l'Opéra de Paris Bastille.
Attila rate son invasion
© Eric Mahoudeau
Soirée mouvementée pour l'entrée d'Attila de Verdi au répertoire de l'Opéra national de Paris. L'actrice Jeanne Moreau et la réalisatrice Josée Dayan qui faisaient leurs débuts dans la mise en scène d'opéra ne sont sans doute pas prêtes d'oublier les huées et les quolibets qui ont accueilli leur lecture.
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Aussi talentueuses et professionnelles que soient Jeanne Moreau et Josée Dayan dans leurs spécialités habituelles, leur affrontement avec Attila a tourné à la débâcle, tant l'indigence abyssale de leur travail, n'a fait que souligner les faiblesses intrinsèques d'un opéra qui lui-même n'en manque déjà pas.
S'il n'y avait les décors flamboyants, et parfois même beaux, de Philippe Miesch et les costumes de Patrice Cauchetier très réussis dans le genre " historique-chic ", l'entreprise ressemblerait diablement à une exécution de concert.
En effet, le travail des deux dames semble avoir consisté uniquement à faire entrer sur scène les différents protagonistes, et à les ranger dans un ordre bien propret sur le plateau : chanteurs en ligne à l'avant-scène face au public, choeurs en rangées parfaites côté cour et côté jardin, figurants en rangs d'oignons.
Pas un mouvement individuel ni collectif, pas la moindre option sur les personnages. Rien, rien et trois fois rien. Le degré zéro de l'imagination théâtrale.
Côté chant, heureusement, le plateau fut plus gratifiant. Samuel Ramey est toujours un somptueux Attila à tous égards, vaillant, tonique, sa voix paraît incroyablement rajeunie par la vigueur du rôle. Du beau chant, tout simplement. À ses côtés, Maria Guleghina crie beaucoup avec son énorme voix. Ce n'est pas toujours agréable à entendre, mais qui peut aujourd'hui aborder ce rôle périlleux en toute sécurité ?
Carlo Guelfi tient très convenablement le rôle Ezio alors que Franco Farina, applaudi à la fin de chacun de ses airs, s'est fait copieusement huer au salut final. Inconstance du public face à un artiste ici mal distribué, mais maintes fois applaudi sur cette scène dans d'autres premiers rôles du répertoire.
Toutefois, côté chahut et sifflets, le tamdem Moreau-Dayan remporte de loin la palme. Sur ce terrain, elles ne sont probablement prêtes d'êtres détrônées ; à l'inverse d'un Pinchas Steinberg dont la direction pourtant bien raide et statique lui a valu une ovation nourrie.
Reste que si Attila n'est pas le chef-d'oeuvre de Verdi, il méritait une meilleure équipe pour sa première invasion sur la scène de Bastille ; laquelle risque de ne conserver pour longtemps qu'un souvenir de désolation.
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Opéra Bastille, Paris Le 21/09/2001 Gérard MANNONI |
| Nouvelle production d'Attila de Verdi au Théâtre national de l'Opéra de Paris Bastille. | Orchestre de l'Opéra de Paris
Direction musicale : Pinchas Steinberg
Mise en scène : Josée Dayan et Jeanne Moreau
Costumes : Patrice Cauchetier
DĂ©cors : Philippe Miesch
Avec Samuel Ramey (Attila), Carlo Guelfi (Ezio), Maria Guleghina (Odabella), Franco Farina (Foresto), Mihajlo Arsenki (Uldino), Igor Matioukhine (Leone). | |
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