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CRITIQUES DE CONCERTS |
30 octobre 2024 |
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Première française de la Passion selon Saint-Jean de Sofia Goubaïdoulina au théâtre du Châtelet.
Si ce n'est divin,
ça y ressemble
Valéru Gergiev (© Emi Classics)
On savait le goût de la compositrice russe Sofia Goubaïdoulina pour les idées mystiques et religieuses. L'Orchestre, les Choeurs du théâtre Mariinski de St – Petersbourg et Valery Gergiev viennent d'en fournir une démonstration édifiante avec sa Passion selon Saint-Jean, mercredi dernier au théâtre du Châtelet.
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Si le concerto pour piano et orchestre de Galina Oustvoslkaya avec Serguei Markarov en soliste s'est affirmé en première partie comme une belle oeuvre bien dans l'esprit de la musique russe d'après-guerre, c'est bien évidemment la première audition en France de la Passion selon Saint-Jean de Sofia Goubaïdoulina qui était l'évènement de ce concert.
Créée l'année dernière à Stuttgart ville commanditaire de la partition, cette passion en russe est apparue comme une oeuvre magistrale, d'un très haut niveau de spiritualité, sans doute jamais atteint depuis Penderecki et son Requiem.
Il n'existe pas de tradition de Passion en langue russe, comme l'explique Goubaïdoulina elle-même. Tout était donc à imaginer. Son premier coup de génie fut l'idée d'associer des textes de l'Evangile selon Saint Jean à des passages de l'Apocalypse du même Saint-Jean, créant d'emblée une structure originale, puissante, d'un poids métaphysique évident.
Ensuite, il lui restait à trouver le climat musical adéquat, assez spectaculaire pour passer la rampe dans tous les pays du monde, assez austère pour correspondre quand même à l'esprit de la liturgie orthodoxe qui bannit l'usage de tout instrument, ne tolérant que la voix humaine.
Celle-ci est omniprésente avec les quatre solistes, somptueux - en particulier la basse Gennadi Bezzoubenkov en charge d'une partie très lourde - et le double choeur. La partition orchestrale est elle aussi d'une extraordinaire richesse, avec une écriture très sophistiquée qui joue sur la fluidité autant que sur la puissance, avec d'étonnantes oppositions de timbre entre cordes et percussions en particulier, animées par un Gergiev électrique, comme à son habitude.
L'écriture vocale est simple, souvent proche de la déclamation ou du chromatisme de la musique liturgique russe traditionnelle, laissant le texte flamboyer dans la bouche des chanteurs, car la langue russe est superbe lorqu'elle est ainsi mise en valeur. Cette Passion dure une heure quarante minutes pendant lesquelles le public du Châtelet est resté dans un état de concentration et d'attention rare aujourd'hui.
Preuve qu'il se passait dans la salle quelque chose d'inhabituel, et, qui sait, peut-être même d'un peu divin ?
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Théatre du Châtelet, Paris Le 26/09/2001 Gérard MANNONI |
| Première française de la Passion selon Saint-Jean de Sofia Goubaïdoulina au théâtre du Châtelet. | concerto pour piano et orchestre de Galina Oustvoslkaya
Passion selon Saint-Jean de Sofia Goubaïdoulina
Orchestre et Choeur du Théâtre Mariinski de Saint -Petersbourg
Choeur de chambre de Saint-Petersbourg
Direction : Valery Gergiev
Serguei Markarov, piano
Avec Natalia Kornieva (soprano), Viktor Lutsiuk (ténor), Fyodor Mojayev (baryton), Gennadi Bezzoubenkov (basse). | |
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