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CRITIQUES DE CONCERTS |
30 octobre 2024 |
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Concert de l'Orchestre des Jeunes " Gustav Mahler " dirigé par Franz Welser-Möst au festival de Lucerne.
Lucerne 2001 (2) :
Contamination juvénile
Franz Welser-Möst
Complexe, monumentale, surchargée, la 8e symphonie de Mahler reste toujours une épreuve redoutable dans laquelle nombre d'orchestres se sont pathétiquement abîmés. C'est pourtant le défi que tentaient à Lucerne l'Orchestre des Jeunes " Gustav Mahler ", dirigé par le jeune et controversé Franz Welser-Möst.
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Pour un jeune orchestre, son nom fut-il l'Orchestre des Jeunes " Gustav Mahler ", tenter la 8e symphonie du compositeur peut paraître une gageure impossible. Pourtant, les craintes s'évaporent vite devant l'enthousiasme contagieux de la phalange, ne trahissant que de rares faiblesses, toujours individuelles.
Donc, si l'on oublie quelques accrocs ça et là , notamment aux cuivres – les aigus si redoutables dans l'écriture de Mahler – le son d'ensemble est homogène, avec un tapis de cordes remarquable et une petite harmonie soignée. Fait des plus appréciables, l'orchestre ne connut à aucun moment de chute de tension ou de baisse de régime, alors qu'il n'est pas rare que cela se produise avec des ensembles beaucoup plus prestigieux.
Welser-Möst donna une lecture honnête de la partition, jamais transcendante ou novatrice, mais jamais rebutante ni ennuyeuse non plus. Tempi rapides et vitalité permanente, il privilégiait manifestement l'énergie à la profondeur. Mais sa lecture garde comme qualité première une grande clarté favorisant la compréhension formelle chez l'auditeur.
Evidemment, une telle attitude ne favorise pas les nuances, et on ne pouvait remarquer une première partie, jouée dans un forte ambiant quasiment d'un bout à l'autre. La conclusion orchestrale aurait gagné, elle aussi, à ne pas filer tout droit et d'une traite.
Néanmoins, il reste quelques moments particulièrement réussis comme l'Adagissimo instrumental de la deuxième partie, dans lequel l'harmonium et la harpe tissèrent une toile de fond délicate pour le magnifique chant des premiers violons. De même, le début du Chorus Mysticus fut d'une intensité toute intérieure.
De leur côté, le Wiener Singverein et le Choeur Philharmonique de Prague rivalisèrent de franchise vocale, de lisibilité polyphonique – si souvent absente dans cette oeuvre – et de pureté d'intonation. Seul le Choeur d'enfants de St Florian, perché au deuxième balcon du Konzerthaus, sembla dépassé par les événements, à court de timbre et de souffle.
Reste le plateau vocal. À l'exception de Hillevi Martinpelto et Yvonne Naef, honorables mais guère renversantes, les solistes affichèrent un niveau des plus médiocres, alignant des voix honnêtes mais dépassées techniquement (Elizabeth Whitehouse, Jadwiga Rappé), poussives (Peter Weber), zélées (Andreas Macco, sombrant au-delà du raisonnable), grelottantes (Martina Jankovà , au timbre radieux mais aux aigus instables) ou calamiteuses (le ténor Herbert Lippert au timbre laid, à l'émission ouverte et aux tics de prononciation exaspérants).
Malgré cela, comment ne pas se laisser contaminer par l'ivresse de cet orchestre juvénile dont le talent n'attend manifestement pas le nombre des années ?
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| Le 08/09/2001 Yannick MILLON |
| Concert de l'Orchestre des Jeunes " Gustav Mahler " dirigé par Franz Welser-Möst au festival de Lucerne. | Symphonie n° 8 dite " des mille " de Gustav Mahler
Choeur Philharmonique de Prague
Wiener Singverein
Choeur de jeunes garçons de St Florian
Orchestre des Jeunes " Gustav Mahler "
Direction : Franz Welser-Möst
Avec Elizabeth Whitehouse (soprano I, Magna Peccatrix), Hillevi Martinpelto (soprano II, Una poenitentium), Martina Jankovà (soprano III, Mater Gloriosa), Yvonne Naef (alto I, Mulier Samaritana), Jadwiga Rappé (alto II, Maria Aegyptiaca), Herbert Lippert (ténor, Doctor Marianus), Peter Weber (baryton, Pater ecstaticus), Andreas Macco (basse, Pater profondus)
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