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CRITIQUES DE CONCERTS |
30 octobre 2024 |
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Premier concert de la saison musicale du musée de l'Armée en l'Hôtel National des Invalides de Paris
L'autre chant des Gaules
Marcel Pérès (© Philppe Matsas)
Fidèle à son projet de revivifier les musiques du passé, l'ensemble Organum de Marcel Pérès donnait mardi dernier, en l'austère église Saint-Louis des Invalides à Paris, une messe " In Festo S. Ludovici Regis Franciae " écrite pour ce même lieu, absolument inédite, et datant probablement du règne du Roi Soleil.
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Complicité artistique
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Hommage au réalisme poétique
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Une copie de la messe trône sur un lutrin placé dans le choeur autour duquel les six chanteurs de l'Ensemble Organum vont successivement chanter les Hymnes et les Psaumes qui la composent, pour se séparer en deux groupes de trois chanteurs occupant les stalles, pour les Antiphonaires.
Une heure durant, devant un parterre assez BCBG, très attentif, se succèdent des parties en plain-chant et des parties où les voix se séparent pour tracer des polyphonies de facture très simples, mais d'harmonies étonnantes, inhabituelles dans ce genre de répertoire.
Il s'agit, en effet, de faire revivre une pratique du plain-chant qui n'a été conservée que dans très peu de lieux de culte, le plain-chant originel, dit " gallican ", dont le manuscrit, ici, est une messe commandée probablement par Louis XIV pour ce lieu.
Marcel Pérès, dans une introduction qui fait le point sur le sujet, rappelle que les querelles religieuses dont le XVIIe siècle français a été le théâtre, n'ont pas seulement affecté la théologie, mais aussi la sphère de la musique religieuse dont le plain-chant est la base. On aurait tort d'oublier, au profit de compositeurs dits " baroques " comme Charpentier ou Couperin, que l'ordinaire de la messe à cette époque restait le plain-chant (considéré souvent abusivement comme du " Chant Grégorien ").
Le ou les maîtres de chapelle qui ont écrit pour Saint-Louis des Invalides ont, par cette oeuvre, témoigné des vives réactions du clergé français suscitée par la réforme romaine du plain-chant. " Après le Concile de Trente, " écrit Pérès, " l'église avait connu une coexistence de formes musicales très variées. (
) De violentes controverses s'étaient élevées au sujet des critères esthétiques de son architecture et de son interprétation. (
) Certains tentèrent de conserver les traditions médiévales, d'autres voulurent les amender au nom d'un nouvel humanisme (
), en composer au goût du jour, ce que les Français nommèrent fort joliment " musicaliser le plain-chant ".
Mais parallèlement, germa l'idée qu'il fallait retourner au vieux chant gallican originel, le chant de l'Eglise des Gaules que Charlemagne avait voulu effacer des mémoires. C'est celui-ci précisément que Pérès fait revivre ici par une lecture très savante des manuscrits et une connaissance approfondie de leurs sources.
Pour un béotien, c'est-à -dire la majorité de l'auditoire -moi compris-, la différence entre l'ancien et le nouveau plain-chant est bien difficile à déceler. Pourtant, au détour de rapides développements, on perçoit que ce chant originel est moins austère que ses avatars. On le sent par des frottements harmoniques parfois très étonnants, des embryons de polyphonies (notamment des faux-bourdons), un travail inhabituel (presque expressionniste !) sur le timbre et la couleur des voix.
De là réveiller et bousculer la solennité des Invalides, évidemment non, mais de quoi donner une autre image de la pérennité du sacré, et même suggérer une nouvelle clef d'accès aux fameuses " Leçons de Ténèbres " si prisées au XVIIe français, oui, et même sacrément.
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Eglise Saint-Louis des Invalides
, Paris Le 02/10/2001 Olivier BERNAGER |
| Premier concert de la saison musicale du musée de l'Armée en l'Hôtel National des Invalides de Paris | L'antiphonaire des Invalides
Ensemble Organum
direction Marcel Pérès | |
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