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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Finale du Wigmore Hall International Song Competition, édition 2001.
Un talent qui ne pèse pas son prix
Depuis 1997, le prestigieux Wigmore Hall de Londres organise un concours de mélodie biennal. Cette troisième édition a permis à de jeunes chanteurs de grand talent de chanter devant un public averti et un jury prestigieux composé de grands musiciens. Mais, la remise des prix réserva de nombreuses surprises.
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Le Wigmore Hall est probablement la salle de concert de musique de chambre européenne la plus réputée aussi bien pour son acoustique que pour la qualité de ses programmes. Tous les deux ans s'y déroulent un concours de mélodies et Lieder dont le lauréat reçoit, outre une gratification financière, et la possibilité de se produire en récital dans cette même salle.
Pour l'édition 2001, les quatre finalistes devaient faire montre de leur versatilité en chantant dans au moins trois langues, l'allemand étant obligatoire. Le premier candidat, un baryton canadien doté d'une jolie voix lyrique légère, fut manifestement sous l'emprise du trac dans le cycle Beethovenien An die ferne Geliebte.
Les quelques mélodies de Fauré qu'il interpréta ensuite démontrèrent son français irréprochable. Mais il ne se déboutonna complètement que dans la mélodie finale où la verve du compositeur Bolcom rappelle celle de Kurt Weill. Un chanteur encore un peu immature.
Elle aussi canadienne, la soprano Measha Brueggergosman se révéla au contraire déjà très professionnelle, abordant avec une grande décontraction et un instrument vocal parfaitement contrôlé, un programme très relevé s'étalant de Berlioz à Turina. Ses trois Wesendonck lieder de Wagner furent le sommet de son récital.
À l'inverse, on se demande comment le ténor britannique Daniel Norman a pu atteindre la finale avec une voix aussi médiocre. Son timbre ingrat et nasillard paru rédhibitoire pour rendre compte des subtilités de Schumann ou de Fauré ; en dépit des meilleures intentions musicales.
Contraste absolu avec le dernier candidat, l'américain Erik Nelson Werner qui s'exprime avec la plus grande aisance dans un registre baryton-basse de la plus belle eau. En écoutant son programme grave et sombre, on comprend que les leçons reçues de Dietrich Fischer-Dieskau et Thomas Quasthoff ont été parfaitement assimilés.
Son interprétation du lied de Brahms Wie rafft'ich mich auf in der Nacht fut prenante de bout en bout et il fut le seul compétiteur à affronter la langue russe avec une mélodie de Chostakovitch ; irréprochablement slave.
Les délibérations du jury s'étirèrent deux bonnes heures au lieu des soixante minutes prévues. Verdict : pas de premier prix cette année du fait des divisions au sein du jury. À la soprano fut octroyé un deuxième prix mérité, les troisième et quatrième échurent respectivement au baryton et au baryton-basse, quant au ténor, il dut se contenter d'un prix spécial de consolation.
Mais le public pour sa part décerna son prix au baryton-basse américain Erik Nelson Werner qui méritait, à mon sens mieux, qu'un quatrième prix. Mais si son talent ne pèse son juste prix, gageons qu'il va rapidement se réévaluer dans un proche avenir.
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Wigmore Hall, London Le 15/09/2001 Christine LETEUX |
| Finale du Wigmore Hall International Song Competition, édition 2001. | Jury : Graham Johnson, Elly Ameling, Dalton Baldwin, Matthias Goerne, Felicity Palmer, William Lyne, Dr Ralph Kohn, Mark Brown.
Tyler Duncan, Canadien, baryton
Beethoven, Fauré, Bolcom
Troisième Prix
Measha Brueggergosman, Canadienne, soprano
Berlioz, Wagner, Wolf, Turina
Deuxième Prix
Daniel Norman, Britannique, ténor
Schumann, Fauré, Philips
Prix Spécial du Jury (de consolation)
Erik Nelson Werner, Américain, baryton-basse
Vaughan Williams, Pfitzner, Brahms, Barber, Chostakovitch, Fortner
Quatrième Prix et Prix du Public | |
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