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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Journées Michel-Richard de Lalande à la Chapelle Royale du château de Versailles et au théâtre du Palais-Royal de Paris les 6 & 15 octobre.
Les secondes surprises de Lalande
En dépit de l'envieux Lully et de quelques autres, Louis XIV l'avait choisi pour en faire son surintendant musical à la mort du Florentin, alors qu'il avait tout juste 31 ans. Pour la seconde fois en 11 ans, le Centre baroque de Versailles a mis Michel-Richard de Lalande à l'affiche de ses journées nationales. Une récidive amplement justifiée.
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Avant tout, l'artiste est le portrait a contrario de " Monsieur Baptiste " (comme eût écrit la chère Marquise de Lully). A l'intrigant retors, de moralité douteuse, succède un homme rangé, discret, d'une vraie piété dont on a pas fini de découvrir le génie, en particulier dans sa musique sacrée.
Lalande a su gagner l'estime du monarque sans coup tordu, par son seul mérite ; avant de se faire l'officiant d'un Versailles marqué par les épreuves, les souffrances, le malheur. Autres temps, autres moeurs. L'image d'un Roi jeune et victorieux, tout à ses plaisirs et à ses maîtresses à scandale, n'est plus à présent qu'un souvenir qu'une cour endeuillée cherche à occulter, à bannir.
Dans ce décor édifiant et raidi – ascendant Madame de Maintenon oblige – Lalande, tout naturellement, sera le chantre du sanctuaire, jouant en expert de la technique du double choeur qu'il associe, le cas échéant, à d'autres modes d'écriture virtuose.
Précisément, on ne peut rêver travail plus idiomatique que celui proposé par Martin Gester qui, à la tête du Parlement de Musique et de la Maîtrise de Bretagne, réveillait quatre de ses grands motets. Un répertoire de dévotion et d'apparat qui prenait toute sa dimension dans le noble environnement de la Chapelle royale. Que ce soit dans l'élan festif de l'Exaltabo Domino ou dans les figures dramatiques du Deus Noster Refugium : un vrai modèle de théâtre liturgique avec ses turbulences concitato (agité), plus ou moins transposées du baroque italien.
Et puis, le soir venu, le même de Lalande cultivait sa différence doloriste dans des Leçons de Ténèbres tout à fait dignes d'être opposées aux " Ténèbres " signées Charpentier et Couperin, parmi d'autres. Un brasier pénitentiel brûle là , qu'attisait de l'intérieur la lecture très introvertie du Poème Harmonique sous la conduite de Vincent Dumestre, toujours attentif, de son théorbe, aux figurations désolées du " dessus " de Claire Lefilliâtre.
Enfin, pour que le portrait musical fût complet, ces journées de Lalande n'oubliaient pas le sourire du divertissement profane. Avec le concert de la Simphonie du Marais qui délaissait Versailles pour le Théâtre du Palais-Royal (résultat d'un partenariat avec le Festival de Pontoise et les Concerts du Palais-Royal).
Une soirée certes perfectible, mais dont les naïvetés (le personnage du guide), les défaillances vocales (à l'exception du rayonnant " dessus " de Françoise Masset) et les fausses notes n'entamaient pas l'élan premier, ni la ferveur communicative, tant chez Lully (une Grotte de Versailles un brin convenue) que chez son cadet (des Fontaines de Versailles joliment accomplies, libérées).
Reste que les deux surintendants royaux y auraient sûrement trouvé matière à taper de la canne.
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| Le 15/10/2001 Roger TELLART |
| Journées Michel-Richard de Lalande à la Chapelle Royale du château de Versailles et au théâtre du Palais-Royal de Paris les 6 & 15 octobre. | Michel-Richard de Lalande : 4 Grands motets
Maîtrise de Bretagne,
Parlement de Musique
Direction : Martin Gester
Michel-Richard de Lalande : Leçons de Ténèbres
Le Poème Harmonique
Direction : Vincent Dumestre
Avec Claire Lefilliâtre, soprano
Jean-Baptiste Lully : La Grotte de Versailles
Michel-Richard de Lalande : Les Fontaines de Versailles
La Simphonie du Marais
Direction : Hugo Reyne
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