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CRITIQUES DE CONCERTS 21 décembre 2024

Concert de l'Orchestre national d'Ile-de-France sous la direction de Jacques Mercier avec le pianiste Roger Muraro.

Au galop vers le cosmos
© D.R.

D.R.

La Turangalîla Symphonie d'Olivier Messiaen est peut-être aujourd'hui l'oeuvre qui permet de tester le niveau d'un orchestre comme l'était hier le Sacre du Printemps. L'Orchestre National d'Ile-de-France vient de réussir l'épreuve, non sans l'appoint de quelques renforts dans ses rangs.
 

Salle Pleyel, Paris
Le 13/10/2001
Pauline GARAUDE
 



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  • La mise en place rythmique comme l'équilibre des pupitres est un défi de chaque mesure dans cette redoutable Turangalîla Symphonie et l'on attendait pas forcément l'Orchestre National d'Ile-de-France et son chef Jacques Mercier s'aventurant dans le paradisiaque Jardin du sommeil d'amour ou versant dans la Joie du sang des étoiles.

    Pourtant, de l'Introduction au redoutable Finale, le chef a su trouver le timbre et la couleur justes avec des cordes moirées ou des bois chatoyants. Bonne précision rythmique également, sinon d'une rigueur infaillible à la Boulez, Mercier réussit à insuffler une certaine souplesse dans la dynamique et les transitions entre les passages éthérés et les moments de déflagrations sont très convaincantes.

    Au piano Nicholas Angelich était remplacé en dernière minute par Roger Muraro, prodigieux spécialiste de Messiaen s'il en est (il vient d'ailleurs d'achever une intégrale de l'oeuvre pour piano seul du compositeur pour la firme Accord-Universal) . Attaque vigoureuse, aigus translucides et basses résonantes, il réussit un équilibre miraculeux avec l'orchestre ; à croire qu'il avait de la lumière dans les mains ce soir-là.

    À ses côtés, les Ondes Martenot de Thomas Bloch, surnageant, faisaient parfois basculer la matière surchauffée de l'orchestre dans un rêve éveillé et en technicolor. Quatre rappels, après deux heures de concert, ont mis en point final à une soirée étourdissante, épuisante et princière.

    On sait le nom même de la symphonie emprunt de métaphysique avec pour étymologie les mots sanskrits " Turanga " (" l'avancée du temps, comme le rythme du cheval au galop ou le sable qui s'écoule dans un sablier ") et " Lîla " (" le mouvement de l'action divine sur le cosmos", mais aussi "l'amour "). Reste que ce soir-là, il n'était pas utile d'avoir fumé du tabac importé d'Amsterdam pour galoper vers le cosmos.




    Salle Pleyel, Paris
    Le 13/10/2001
    Pauline GARAUDE

    Concert de l'Orchestre national d'Ile-de-France sous la direction de Jacques Mercier avec le pianiste Roger Muraro.
    Olivier Messiaen : Turangalîla Symphonie
     


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