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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Ariane à Naxos de Richard Strauss en version de concert avec l'Orchestre de l'Opéra de Vienne dirigé par Christoph von Dohnanyi.
Ariane perd le fil
Christoph von Dohnanyi (© Alvaro Yanez)
Cet été, l'Ariane à Naxos qui marquait la fin de l'ère Mortier à Salzbourg n'a pas manqué de défrayer la chronique. À la tête d'une phalange de musiciens viennois se trouvait Christoph von Dohnanyi. Le Théâtre des Champs-Élysées vient l'inviter à donner la même oeuvre, mais sans mise en scène iconoclaste pour distraire l'auditeur.
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Donner Ariane à Naxos en version de concert est presqu'une gageure. En l'absence de spectacle, le mélange des genres si particulier qui fait son argument prend plus difficilement du relief. En revanche, les qualités et les défauts de l'oeuvre comme de l'interprétation ressortent mieux qu'à la représentation, et, par les temps qui courent, il est souvent préférable de faire appel à sa propre imagination plutôt qu'à celle des metteurs en scène
Sous la baguette de Christoph von Dohnanyi, la partition orchestrale est apparue dans toute son originalité, avec cette étonnante orchestration si équilibrée entre cordes et vents pour une petite formation (37 musiciens). Le chef met parfaitement en relief tout ce qui relève de la musique de chambre en contraste avec les élans plus largement lyriques proches du grand opéra. Ce fut l'une des satisfactions de la soirée même si, çà et là , une plus grande souplesse du côté de la baguette n'eût pas été superflue.
L'autre motif de réjouissance est le très beau Compositeur campé par Sophie Koch. Sans doute n'a-t-elle pas besoin de forcer sa voix dans l'aigu comme elle le fait parfois, mais dans l'ensemble sa ligne est toujours souple, sa diction précise et ses vocalises toujours expressives. Elle n'est pas loin d'égaler une Von Otter dans ce rôle périlleux.
Avec l'Américaine Laura Aikin, Zerbinette gagne charme et désinvolture dans un rôle aux difficultés réputées presque insurmontables. Une Zerbinette insouciante, volage et délicieusement féminine.
À ses côtés, Susan Anthony est une Ariane que l'on pourrait qualifier " d'adéquate " : sans génie particulier, sans défauts rédhibitoires (quand même des faiblesses sensibles dans les deux extrêmes). On retrouve aussi, non sans nostalgie, deux grands noms du passé : Wladermar Kmentt et Heinz Zednik, dans des rôles épisodiques.
Le reste de la distribution est un peu à l'image de l'honnête Susan Anthony, avec peut-être un petit supplément de fraicheur pour les Naïades, Dryade et Echo, et d'âme pour le bon maître de musique de Peter Weber.
Reste une grosse boulette dans la distribution : dès que le ténor Jon Fredric West entame ses vociférations, il donne une envie irrépressible de fuir ou de se cacher sous son fauteuil, tant la laideur de son timbre n'a d'égale que la quantité de décibels aboyés. Par sa faute, Ariane aura souvent perdu le fil.
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Théâtre des Champs-Élysées, Paris Le 29/10/2001 Gérard MANNONI |
| Ariane à Naxos de Richard Strauss en version de concert avec l'Orchestre de l'Opéra de Vienne dirigé par Christoph von Dohnanyi.
| Avec Wlademar Kmentt (Le majordome), Peter Weber (Le maître de musique), Sophie Koch (Le compositeur), Jon Fredric West (Le ténor/Bacchus), Markus Nieminen (Un officier), Heinz Zednik (Le maître de ballet/Brighella), Johann Reinprecht (Le perruquier), Laura Aikin (Zerbinette), Susan Anthony (Ariane), Geert Smits (Arlequin), Peter Jelosits (Scaramouche), Wolfgang Bankl (Truffaldino/un laquais), Judith Halasz (Naïade), Cornelia Saljé (Dryade), Renate Pitscheider (Echo). | |
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