" Impresa ", comme emprise, comme entreprise. Le quatuor du même nom est né d'un besoin de défaire de l'une (le besoin de prendre un peu de recul avec l'orchestre), et d'embrasser l'autre (s'investir dans un nouveau projet) ; mais sans pour autant couper les ponts avec le National, juste affiner leur pratique, et pour mieux y revenir.

Un exemple que devraient retenir tous les musiciens de grandes formations symphoniques.

Dans l'acoustique si bien faite pour la musique de chambre de l'Opéra Comique, ils ont choisi de rapprocher deux grands viennois, Schubert et Webern, avec pour le premier le chef-d'oeuvre absolu qu'est le quatuor La jeune fille et la Mort, et pour le second une oeuvre de jeunesse, très rarement jouée en concert, Langsamer Satz.

De fait, il est troublant de constater à quel point, au moment, où Webern âgé de 22 ans devient l'élève de Schoenberg, il compose cette pièce en un seul mouvement qui pourrait être un hommage rendu à Brahms ou à Malher, et qui l'est surtout à Schubert (dont il orchestrera d'ailleurs nombre de Lieder, de mouvements de sonates, et les Danses allemandes).

Le résultat est une longue phrase toute en mélismes, au climat très romantique, parfois au bord du silence, déjà merveilleusement équilibrée entre les quatre instruments. Le quatuor Impresa l'a donnée avec une grande simplicité, sans effets superflus, en se concentrant à la fois sur la souplesse et la tension du phrasé.

Évidemment, un jeune Quatuor a bien plus à prouver dans La jeune fille et la Mort : engager cette conversation à quatre en forme de variations autour d'un Lied qui est aussi un chant funèbre, mais aussi saisir toute l'ambiguïté et toute la nostalgie des échos d'une fête lointaine, ou encore la fièvre soudaine qui fait rougeoyer les archets. Sans compter bien sûr, le pressentiment que donne le compositeur de sa propre fin, laquelle surviendra quatre ans plus tard seulement.

Ils étaient quatre pour le dire, en restant peut-être un peu trop près du texte, un peu trop sages encore, mais en utilisant toutes les ressources de leurs vingt-quatre cordes, avec entre eux une écoute aussi réciproque que constante. Autant de qualités qui laissent présager le meilleur.

À l'Opéra Comique comme au Châtelet pour ce qui concerne Paris (mais la capitale n'est pas la seule à offrir des déjeuners de musique), il faut absolument profiter d'une programmation souvent audacieuse pour découvrir de nouveaux talents sans se ruiner. Et puis, un repas de musique, c'est excellent pour garder la ligne !

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