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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Concert d'Ouverture du XXIV° Festival d'Art Sacré de la Ville de Paris.
Les Andes Galantes
Pour sa première édition, le Mois National du Baroque Latino-Américain s'est offert le luxe d'excéder d'entrée les 31 jours. Commencé le 18 octobre, il s'achevait en effet le 20 novembre, pour l'ouverture du Festival d'Art Sacré de Paris avec Gabriel Garrido, le principal acteur de la renaissance de ce répertoire.
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Pour clore ce mois andin, Gabriel Garrido à la tête de son ensemble Elyma offrait la création européenne de trois bijoux redécouverts vers 1970. Mais le reste du programme n'aura sans doute pas été plus familier à l'auditoire.
D'entrée de jeu, l'esprit collégial et ostentatoire de la Contre-Réforme se fait entendre par une alacrité, un sens de l'ornement et de la décoration avec Cánite, pláudite, un appel à la fête dans l'esprit du " Jauchzet, Frohlocket " de l'Oratorio de Noël de Bach, pourtant luthérien. À cette musique si enlevée et si dansante, l'ensemble Elyma verse ce qu'il faut de contrepoint pieux pour ne pas éloigner trop les ouailles du texte sacré.
Plus dense et plus varié est Ópera San Francisco Xavier, une litanie pour soprano, mezzo et petit ensemble avec dialogues parlés. Saint François-Xavier, fidèle, on le sait, de saint Ignace de Loyola (fondateur des Jésuites) converse de manière lénifiante (prosélytisme oblige) sur les joies promises aux croyants. Mais la musique, elle, dépasse de très loin toute banalité et toute linéarité d'écriture.
L'invention permanente, le sens de la fusion entre les sonorités savante et populaire, les ruptures de ton, la courbe sensuelle des cordes, la volupté des bois, les lignes vocales hypnotiques, le caractère à la fois vivant et doux des dialogues : on ne sait qu'admirer le plus dans ce petit chef-d'oeuvre. Pourquoi pas sa conclusion, sobre et coupante, d'une humilité inattendue, confiée aux trois voix qui s'étaient tues (soprano, contre-ténor, baryton), ainsi qu'au continuo ?
Les parties vocales sont extrêmement importantes, et défendues au superlatif. On n'attendait pas moins d'un Furio Zanasi ; il est agréable de constater que les sopranos et le contre-ténor, parfois ingrats dans le répertoire baroque versant européen, sont ici excellents. Le chef ne ménage pas non plus sa peine pour fondre leurs très beaux timbres en une texture goûteuse, épicée et très roborative.
Le festin n'aura pas manqué non plus de notes souriantes avec Afuela, apalta, une plaisanterie musicale sur le tabac à priser apprécié par les esclaves Noirs exilés de Guinée ou d'Angola, au grand dam des Blancs. Le contre-ténor Fabien Schofrin ne dédaignera pas d'y prêter quelques éternuements cocasses.
Mais ce soir-là , on ne demandait d'autres drogues que cette musique corsée et pimentée où l'esprit populaire rejoint une écriture musicale très élaborée, un certain goût de la galanterie et une dévotion bon enfant. Difficile de faire plus baroque.
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Eglise Saint-Roch, Paris Le 20/11/2001 Jacques DUFFOURG |
| Concert d'Ouverture du XXIV° Festival d'Art Sacré de la Ville de Paris.
| " Le Trésor Musical des Indiens "
Roque Ceruti (~1686 -1760) : Hoy que Francisco reluque – Según veo el aparato
Manuel de Mesa (~1725 – 1773) : Vengan pues hos a la mesa
Roque Jacinto Chavarria (17°-18° siècles) : Con tan tierno llanto
Blas Tardio y Guzmán (17°-18° siècles) : Entre obeliscos nevados
Roque Ceruti & Manuel de Mesa : Escuchad dos sacristanes
Roque Jacinto Chavarria, Blas Tardio y Guzmán & Roque Ceruti : Afuela, apalta
Anonymes : Cánite, pláudite, exultáte omnes, Ópera San Francisco Xavier (Dialogo Sacro), Iyai Jesuchristo (Mo Procesion)
Ensemble Elyma
Direction : Gabriel Garrido.
Avec Adriana Fernandez & Silvina Sadoly, sopranos, Alicia Borges, mezzo-soprano, Fabien Schofrin, contre-ténor et Furio Zanasi, baryton.. | |
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