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CRITIQUES DE CONCERTS |
30 décembre 2024 |
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Tortelier à l'Orchestre de Paris, Salle Pleyel.
Une Fantastique qui décolle
Coup d'envoi des cérémonies Berlioz, sous l'égide de l'Orchestre de Paris.À l'affiche Yann Pascal Tortelier et le pianiste Jean-Yves Thibaudet dans un programme qui inscrit Berlioz entre ses contemporains Weber et Liszt. Avec une interprétation de référence pour la "Fantastique", le cycle s'inscrit d'emblée au plus haut niveau.
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Salle Pleyel, Paris
Le 02/02/2000
Antoine Livio (1931-2001)
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Bons baisers d’Eltsine
Chambre déséquilibrée
Régal ramiste
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Le programme était surprenant, débutant par " L'invitation à la valse " que Berlioz orchestra pour servir de ballet aux représentations du " Freischütz " en 1841, à l'Opéra de Paris, puis de Weber, ce fut le scintillant " Konzertstück " dont l'écriture fut liée à la création du " Freischütz " à Berlin, auquel répondit le deuxième Concerto pour piano de Franz Liszt, qui aida et apprécia tant Berlioz. Et le concert se termina avec la " Fantastique ". Je tiens délibérément à oublier la valse de Weber, car je ne sais ce qui s'est passé, mais on a l'impression que Tortelier a des problèmes avec les trois temps ! Ceci dit, tout le concert ne fut qu'une lente progression vers l'explosion finale et géniale de la " Fantastique ". Pour les deux concertos, Yann-Pascal Tortelier a laissé la bride sur le cou à son pianiste. Jean-Yves Thibaudet est un grand pianiste, d'une aisance folle, il se joue de toutes les difficultés et de tous les pièges dont sont truffés les deux pièces du programme. En plus de cette aisance, il saupoudre son jeu d'une élégance parfois perverse, plus Liszt que nature, le Liszt du salon qui séduisait les belles : il éblouit et disparaît.Et tout se termina en beauté avec la " Fantastique ". Ce fut un autre Tortelier qui dirigea l'opus 14 de Berlioz. Il y avait un rien du souvenir de son père et de sa chevelure blanche, dans cet Episode de la vie d'un artiste, auquel Yann-Pascal sut conférer un souffle et une passion toute d'élégance et de musicalité. Evidemment la drogue, l'amour, les visions et les fantasmagories, tout y était dans le flamboiement d'un Orchestre de Paris survolté, mais il y avait surtout un dramatisme rare, par exemple dans la construction de la Scène aux champs qui jamais encore ne m'avait paru aussi élégiaque et simple, mais prenante de bout en bout, sans faille, ni chute d'attention. Dressé comme sur un tableau de Caspar David Friedrich, un doigt vengeur tendu vers le plafond, Yann-Pascal Tortelier termina le Songe d'une nuit de sabbat dans un rutilement de cordes et de cuivres; nul besoin de fermer les yeux, nous étions dans la salle de l'ancien Conservatoire. Aux applaudissements, nous sommes retombés sur terre, à regrets.
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Salle Pleyel, Paris Le 02/02/2000 Antoine Livio (1931-2001) |
| Tortelier à l'Orchestre de Paris, Salle Pleyel. | Orchestre de Paris
Direction : Yann-Pascal Tortelier
Soliste : Jean-Yves Thibaudet
Oeuvres de Berlioz, Weber et Liszt,
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