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CRITIQUES DE CONCERTS 30 octobre 2024

Concert de Philippe Herreweghe à la tête de l'Orchestre des Champs-Élysées, le Collegium Vocale de Gand et la La Chapelle Royale au Festival d'Art Sacré de Paris.

Symphonie ante-paradisum
© Michel Garnier

Il y a treize ans, Philippe Herreweghe, " spécialiste du répertoire ancien " s'était distingué en présentant puis enregistrant, avec La Chapelle Royale et l'Ensemble Musique Oblique, la " version originale " du Requiem de Fauré. Il s'apprête maintenant à enregistrer la seconde version et la rôde actuellement en tournée.
 

Eglise Saint-Roch, Paris
Le 22/11/2001
Philippe VENTURINI
 



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  • Datée des années 1893-1894, la première version du Requiem requiert un effectif instrumental réduit, sans violons ni bois. Aujourd'hui, le chef belge ose la version la plus connue, celle de 1900, plus " symphonique " (quatre cors, deux flûtes, deux clarinettes, deux bassons, des violons à la place d'un violon solo dans le Sanctus).

    À l'issue de sa tournée européenne, il la confiera aux microphones de son éditeur (Harmonia Mundi) dans la salle de "l'Arsenal " à Metz.

    Paradoxalement, cette version dilatée, sans doute suggérée par l'éditeur Hamelle pour conquérir les salles de concerts, fut présentée dans le cadre du Festival d'Art sacré en l'église Saint Roch, un des pires brouillards acoustiques de la capitale.

    Heureusement, Philippe Herreweghe et ses musiciens ont su triompher d'une réverbération importune et présenter une lecture exemplaire de tenue, de subtilité et de justesse expressive. Le geste cursif et les idées claires, Herreweghe choisit des tempos allants, refuse le pathos et les poses larmoyantes.

    La beauté diaphane de la musique de Fauré n'en resplendit que davantage. On remarque une prononciation " gallicane " du latin (Pie " Jésus " et non " Iézou ") et une disposition singulière de l'ensemble : altos à gauche, violons à droite, les deux solistes au milieu de l'orchestre, sur la gauche, près des cuivres.

    Y a-t-il distorsion entre l'édition adoptée, le lieu et le ton voulu, entre les moyens symphoniques et l'humilité du propos ? Peut-être, parfois. L'interprétation d'Herreweghe et de son équipe montre, quoi qu'il en soit, une sûreté stylistique, une homogénéité des pupitres et une ductilité chorale (merveilleux ténors) admirables.

    En soliste, Johannette Zomer maîtrise son vibrato mais évite la caricature du bambin, alors que Stephan Genz marque ses deux interventions par sa subtilité et sa santé vocales.

    En première partie, Philippe Herreweghe et l'Orchestre des Champs-Élysées ont fièrement soutenu les prétentions plombées de la Symphonie en ré mineur de César Franck. Malgré le handicap d'une acoustique qui relègue le solo de hautbois au fin fond de la sacristie, les musiciens ont fait montre d'une belle cohésion et d'une salutaire spontanéité.

    Le programme annonçait Fauré puis Franck. Pour éviter une seconde partie de concert désertée, Philippe Herreweghe a eu raison d'inverser cet ordre sous peine de quoi la symphonie eût paru post-mortem. Ici, elle fut ante-paradisum.




    Eglise Saint-Roch, Paris
    Le 22/11/2001
    Philippe VENTURINI

    Concert de Philippe Herreweghe à la tête de l'Orchestre des Champs-Élysées, le Collegium Vocale de Gand et la La Chapelle Royale au Festival d'Art Sacré de Paris.
    César Franck : Symphonie en ré mineur
    Gabriel Fauré : Requiem (version 1900)
    Orchestre des Champs-Élysées
    Collegium Vocale de Gand
    La Chapelle Royale
    Direction : Philippe Herreweghe
    Avec Johannette Zomer, soprano et Stephan Genz, baryton.

     


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