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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Hommage de l'Opéra National de Paris à Boris Kochno.
Des péchés sans repentance
Anne-Sofie Von Otter presque méconnaissable. (© Eric Mahoudeau)
Rassembler les différentes forces artistiques de l'Opéra de Paris dans un seul spectacle constitue un événement rare. Pour l'occasion, il s'agissait de rendre hommage à Boris Kochno, homme de scène au goût et à l'instinct fabuleux, qui fut l'âme artistique de Diaghilev mais aussi de Roland Petit et de bien d'autres.
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Boris Kochno fut un grand découvreur de talents. Ce colosse a profondément marqué la vie musicale, théâtrale et chorégraphique des deux premiers tiers du XXe siècle. Pour lui rendre hommage, fallait-il pour autant exhumer ce très léger Mavra, une partition de jeunesse de Stravinsky sur un livret bouffe si schématique qu'il relève plus du guignol que de la scène lyrique ?
L'oeuvre fut un échec au soir de sa création en 1922. Elle le fut encore à Garnier en lever de rideau de la soirée. Un rappel et puis c'est tout, malgré l'interprétation fine d'Olga Gouriakova en Natacha et peut-être aussi à cause des insuffisances vocales d'Alexei Kosarev en Hussard. Il faut dire que la mise en scène simplette et le décor de livre d'enfants n'arrangent rien, l'humour de Stravinsky tombe ici complètement à plat.
En revanche, le Fils prodigue, un ballet sur une chorégraphie de Balanchine et une partition de Prokofiev constitue une reprise de premier ordre. Le danseur Nicolas Le Riche est éclatant dans le rôle titre et Agnès Letestu se révèle idéale de style et de ligne dans la Sirène.
Mais l'oeuvre la plus attendue de la soirée était Les sept péchés capitaux de Brecht et Weill revu par la chorégraphe Laura Scozzi et le metteur en scène Laurent Pelly. Irrésistible de cocasse et d'humour, sans nuire au message social et psychologique de l'oeuvre, le résultat n'est pas sans évoquer l'univers " prolo-province " cher à Jérôme Deschamps et Macha Makeïeff.
La distribution vocale est parfaite et on a rarement vu Anne-Sofie von Otter si impayable, si déjantée et presque méconnaissable en baskets et robe à fleurs. L'équipe de danseurs menés par Elisabeth Maurin est encore plus frappadingue. Les décors et les costumes originaux sont tous inattendus, la chorégraphie est pétillante et la mise en scène est aussi efficace que cette Belle Hélène du même Pelly bientôt reprise au Châtelet.
Un triomphe mérité pour ces péchés à assouvir sans repentance, et qui prouve que l'on peut jouer à fond le jeu de l'irrévérence sans être forcément iconoclaste.
Lire aussi l'avis de Juliette Buch.
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Palais Garnier, Paris Le 26/11/2001 GĂ©rard MANNONI |
| Hommage de l'Opéra National de Paris à Boris Kochno. | Mavra de Stravinski
Mise en scène : Humbert Camerlo
Décors et costumes : Carlos Cytrynowski
avec Olga Gouriakova (Parasha)- Sofia Aksenova (La voisine)- Irina Tchistiakova (La mère)- Alexei Kosarev (le hussard).
Le Fils prodigue de Prokofiev
Nicolas le Riche (Le fils)- Agnès Letestu (La sirène)-
Ballet de l'Opéra national de Paris
Chorégraphie : George Balanchine
Décors et costumes : Georges Rouault
Les Sept Péchés Capitaux de Weill
Ballet de l'Opéra national de Paris
Chorégraphie : Laura Scozzi
Mise en scène et costumes : Laurent Pelly
Décors : Chantal Thomas
Avec Anne-Sofie von Otter (Anna I)- Elisabeth Maurin (Anna II)- Ian Caley (le père)- Stefan Margita (le fils ainé)- Nigel Smith (le cadet)- Nicolas Cavalier (la mère).
Orchestre de l'Opéra national de Paris
Direction : Alexandre Polianichko | |
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