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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Concert de l'Orchestre du Conservatoire de Paris dirigé par Ami Flammer.
Une baguette
de bois et de crin
© Conservatoire de Paris
Le 18 novembre dernier, le violoniste Ami Flammer faisait ces débuts en tant que chef à la tête de l'Orchestre du Conservatoire de Paris. Au programme, un compositeur contemporain, un concerto de Beethoven avec le pianiste Georges Pludermarcher et une symphonie de Mozart. Double découverte d'un chef et d'un orchestre français.
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Les concerts du dimanche après-midi à la Cité de la Musique rassemblent un public familial qui découvre le grand répertoire. Du balcon, on peut facilement observer ces enfants attentifs qui se laissent bercer par la musique dans le cocon de leurs anoraks, ces adolescents qui ont posé leurs rollers à la porte de la salle, pour écouter Beethoven et Mozart, sans complexes ni ostentation.
En ce dimanche de novembre, maussade comme il se doit, les débuts d'Ami Flammer comme chef d'orchestre n'avaient pas attiré le tout-Paris musical. Même s'il est l'un des meilleurs violonistes français du moment, sans doute Flammer n'est-il pas encore assez médiatique.
À moins que l'on estime que l'Orchestre du Conservatoire ne mérite pas le déplacement. Sous des cieux plus cléments, ceux des festivals d'été, par exemple, d'autres phalanges estudiantines ont pourtant trouvé leur public.
Le concert débute avec Autoritratto nella notte. Les sons de Salvatore Sciarrino sont portés par le silence qui les unit ou les séparent. Ils ne parviennent aux oreilles qu'au seuil de l'audibilité : c'est ce qui charme les amateurs d'une musique méditative, abstraite et hautaine.
Malheureusement, ici, Ami Flammer n'a pas réussi à leur donner des contours suffisants pour passer le seuil d'une climatisation vrombissante, des bruits de page et même du souffle de l'assemblée. Celle-ci, polie et respectueuse, a attendu la suite sans barguigner. À cette dose-là , une dizaine de minutes, la musique contemporaine, ne dérange personne mais n'apporte rien non plus.
Dans le troisième Concerto de Beethoven, Flammer et le pianiste Georges Pludermacher se disputaient contre la piètre acoustique d'une salle qui dédouble les notes du piano et enferme le concerto dans une gélatine instable contre laquelle un chef doit lutter à tous moments.
Pourtant, grâce à une battue précise et un travail très détaillé avec les cordes, Ami Flammer a livré une lecture spontanée, presque joyeuse, d'une oeuvre que l'on enferme trop souvent dans la solennité de ses premières mesures.
Mais c'est dans la très difficile Symphonie Linz que le réel talent de ce chef naissant paru le plus évident. Son phrasé était celui d'un chambriste, soucieux des détails, de la trajectoire de l'oeuvre. Une fois encore, la dimension ludique n'était pas écartée et semblait manifestement contagieuse de pupitres en pupitres.
Ce violoniste qui vient d'enregistrer une magnifique Sonate de Franck en compagnie de Jean-Claude Pennetier va-t-il persévérer dans la direction d'orchestre ? Il en a en tout cas le bois et le crin.
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Cité de la Musique, Paris Le 18/11/2001 Olivier BERNAGER |
| Concert de l'Orchestre du Conservatoire de Paris dirigé par Ami Flammer. | Salvatore Sciarrino : Autoritratto nella notte
Ludwig van Beethoven : Concerto pour piano n° 3 en ut mineur, opus 37
Wolfgang Amadeus Mozart : Symphonie n° 36 en ut mineur, K 425, " Linz "
Avec Georges Pludermacher, piano | |
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