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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Premier concert en france du quatuor Tetzlaff.
Quarté gagnant
Christian Tetslaff (© Auditorium du Louvre)
On connaît depuis quelques années Christian Tetzlaff en concertiste, en soliste (son intégrale des Sonates et partitas de Bach est une référence), et en duo. En revanche, le quatuor dont le jeune violoniste est l'animateur était encore inconnu en France. Un concert étincelant à l'auditorium du Louvre vient de réparer cet oubli.
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Les quatuors op. 20 de Haydn sont dits " du soleil " en raison de la gravure qui ornait le frontispice de l'édition originale de la partition. Ils ont été composés en 1772, en pleine crise préromantique du " Sturm und Drang ". Du troisième de la série, en sol mineur, les Tetzlaff ont livré une interprétation parfois excessivement passionnée, mais jamais révérencieuse ou salonnarde.
Certes, le premier violon et le violoncelle - à la sonorité encore un peu verte, râpeuse - étaient ça et là un peu trop présents. Néanmoins, la mise en place frisait la perfection, et les difficiles problèmes d'intonation que posent les quatuors de Haydn ont été dominés avec maestria.
Le poco adagio (troisième mouvement), qui est un véritable concerto pour violon en miniature, a donné à Christian Tetzlaff l'occasion de se mettre en valeur, tandis que l'absolue précision rythmique faisait oublier quelques emportements trop véhéments dans le finale.
Dans la Suite lyrique, de Berg, le quatuor Tetzlaff a toujours privilégié la vigueur de l'expression et la rigueur de l'articulation plutôt que la recherche exclusive du beau son. La forme et la texture de l'oeuvre ont été mises en évidence avec une grande variété de modes de jeu (sul tasto, sul ponticello, pizzicato etc.), ainsi qu'avec les dynamiques très étagées voulues par le compositeur. Or celles-ci ont un rôle structurel majeur trop souvent négligé. Ce ne fut jamais le cas ici.
C'est toutefois le Quatorzième quatuor op. 105, le dernier que Dvorak ait composĂ©, qui allait constituer le point culminant de cette soirĂ©e chambriste. Pour cette oeuvre, les Tetzlaff ont su trouver une couleur instrumentale au caractère très " Mitteleuropa ", laquelle n'Ă©tait pas sans rappeler la grande Ă©poque des TalĂch, ce qui n'est pas un mince compliment.
Sous leurs archets, Dvorak semblait plus tchèque que nature, sans mièvrerie ni sentimentalisme, mais avec une puissance expressive que très peu de formations instrumentales côtoient. Les quelques défauts d'homogénéité que l'on avait pu déceler avec Haydn avaient ici totalement disparu.
Le quatuor Teztlaff possède par ailleurs une très large palette de nuances dynamiques, allant d'un pianissimo imperceptible a un fortissimo d'une ampleur quasi-symphonique, mais sans jamais céder à une brutalité gratuite. Si ce quarté d'archets gagnants tient les promesses de cette prestation, la relève des Berg ou des Arditti paraît assurée.
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| Le 28/11/2001 Romain FEIST |
| Premier concert en france du quatuor Tetzlaff. | Joseph Haydn, Quatuor op. 20 n°3 en sol mineur
Alban Berg, Suite lyrique
AntonĂn Dvorak, Quatuor n° 14 en La bĂ©mol Majeur op. 105
Christian Tetzlaff, violon
Hanna Weinmeister, violon
Elisabeth Kufferath, alto
Tanja Tetzlaff, violoncelle | |
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