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CRITIQUES DE CONCERTS |
30 décembre 2024 |
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Récital du pianiste Christian Zacharias.
Zacharias en blanc et noir
Peut-on imaginer univers plus différents que ceux de Claude Debussy le symboliste et de Domenico Scarlatti le baroque ? Pour son récital du 25 novembre dernier, le pianiste Christian Zacharias avait pourtant choisi de les réunir sur les touches de son clavier. Un mariage insolite et plutôt périlleux.
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Théâtre des Champs-Élysées, Paris
Le 27/11/2001
Juliette BUCH
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Bons baisers d’Eltsine
Chambre déséquilibrée
Régal ramiste
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Debussy ouvre le concert avec un Doctor Gradus ad Parnassum tempo vif-argent. Mais cette vivacité nuit à l'intelligibilité du propos qui se veut ludique, voire ironique. Les pièces suivantes du Children's corner comme les Images évitent cet écueil.
Loin de ce sentimentalisme post-romantique dont Debussy a souvent été affublé, Zacharias mise sur la précision et la clarté. Pas " d'alanguissement fin de siècle ", pas d'artifices ni jeux de brouillard, sa lecture est rigoureuse, presque nue, peut-être un tantinet trop dépouillée mais riche d'une prosodie et d'un discours qui sonnent neufs. La partition n'aura jamais parue à la fois si moderne et si sèche.
Si Debussy surprend et séduit pour sa nouveauté, Scarlatti étonne par une emphase théâtrale elle aussi inhabituelle. Est-ce à nouveau une volonté de " modernisme " qui préside à cette relecture ? Toujours est-il que Scarlatti avait rarement eu des allures si autoritaires, une poigne si Beethovenienne.
Scarlatti doit-il se jouer piano ouvert ? Manifestement, Zacharias a choisi d'assumer pleinement le potientiel de son instrument. Il évite l'imitation du clavecin, sinon en économisant la pédale au profit de la technique de substitution des doigts pour tenir les sons.
Pourtant, cet aggiornamento scarlattien sonne forcé. Les rythmes ont souvent de gros sabots, les traits n'ont plus la grâce aérienne dont Zacharias est capable dans Mozart, les nombreuses césures et ruptures de débit semblent extorquées injustement au texte musical.
Autant Debussy débarrassé de son halo de brumes était captivant, autant ce Scarlatti frisant le pathos a semblé emprunté, un ensemble à l'image de ce récital décidément en blanc et noir.
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Théâtre des Champs-Élysées, Paris Le 27/11/2001 Juliette BUCH |
| Récital du pianiste Christian Zacharias. | Claude Debussy : Children's Corner, Images Livre I & II
Domenico Scarlatti : Douze sonates : Kirpatrick 126, K 108, K 450, K 474, K 406, K 455, K481, K 519, K 544, K 551, K 531, K 533. | |
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