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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Musique de chambre aux Concerts du Dimanche Matin.
La pluie et le beau temps
Jean-Guihen Queyras (D.R.)
L'altiste Tabea Zimmermann, le violoncelliste Jean-Guihen Queyras et le pianiste Pierre-Laurent Aimard viennent de se choisir un nouveau destin de musiciens de chambre après être tombés sous le charme du violoniste Joseph Silverstein. Une première rencontre au Châtelet marquée par la grâce météorologique.
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Théatre du Châtelet, Paris
Le 11/11/2001
Yutha TEP
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Difficile de trouver programme plus contrasté pour un concert du matin, la lumière et la joie rêveuse du Quatuor pour piano et cordes K493 de Mozart se trouvant par la suite recouverte par l'obscurité tragique de celui en ut mineur opus 60 de Johannes Brahms ; la zone d'ombre du Larghetto central mozartien relevant plus d'une mélancolie empreinte de sérénité que l'exaltation tragique qui parcourt toute la composition brahmsienne.
Un dénominateur commun cependant, l'archet de Joseph Silverstein : astre rayonnant dans Mozart, lumière noire dans Brahms. Joseph Silverstein est l'un des derniers héritiers de cette lignée de violonistes juifs-américains pas forcément obsédés par la plénitude sonore, mais au jeu emprunt de dignité, de clairvoyance, intime et sans fard.
Véritable " coup de foudre " de ses autres partenaires, qui avouent une admiration sans borne pour le violoniste-chef d'orchestre. Et quels partenaires ! Pierre-Laurent Aimard, le pianiste virtuose de l'Intercontemporain, l'altiste au son suave Tabea Zimmermann, et l'éclectique Jean-Guihen Queyras qui s'en explique pour Altamusica.
Mais quatre grands solistes ne font pas toujours bon ménage en musique de chambre. Ici, ce fut le cas, chacun ayant laissé son ego au vestiaire au profit d'une écoute mutuelle et d'une humilité de chaque instant. Par exemple, Pierre-Laurent Aimard ne tira jamais le Quintette de Mozart vers le concerto pour piano ; mais il n'en administra pas moins au passage une leçon de toucher.
De sons côté, Queyras fit valoir sa maîtrise conjointe de la dynamique et d'innombrables couleurs, non sans fournir une assise rythmique souple et motrice. Toutefois, à l'occasion de l'Andante de l'opus 60 de Brahms, son legato ample et subtile appuya de tout son crin un art du chant consommé.
Se penchant tantôt du côté de Silverstein, tantôt de Queyras, Tabea Zimmermann a joué le rôle d'un véritable pivot musical, autour d'elle se sont nouées et dénouées toutes combinaisons sonores aux climats des plus variés : matin printanier et frais, midi radieux pour le premier mouvement du Quintette K 493, ciel voilé et brusque nuage l'après-midi d'un Larghetto, avant l'embellie finale et azuréenne de l'Allegretto.
D'un tragique automnal, mais avec autant de coloris, le Quatuor de Brahms a pour sa part bénéficié d'une progression dramatique remarquable : ciel pluvieux et presque désespéré dès les premières mesures, pulsation tragique d'un orage qui gronde, mais vent fort soufflant un ample lyrisme sur toute la partition.
D'un tel quatuor, on est impatient qu'il lui soit donné à nouveau l'occasion de faire la pluie et le beau temps.
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Théatre du Châtelet, Paris Le 11/11/2001 Yutha TEP |
| Musique de chambre aux Concerts du Dimanche Matin. | Mozart : Quatuor pour piano & cordes n° 2 en mi bémol Majeur K493
Brahms : Quatuor pour piano & cordes n° 3 en ut mineur opus 60
Joseph Silverstein, violon
Tabea Zimmermann, alto
Jean-Guihen Queyras, violoncelle
Pierre-Laurent Aimard, piano | |
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