Même si Daniel Harding a déjà prouvé que Beethoven n'est pas un territoire réservé aux chefs de longue expérience, affronter un " tube " comme la symphonie Pastorale à l'orée de ses trente ans est toujours un défi pour un meneur d'orchestre.
Trop connue par le public, trop enregistrée, trop rabâchée sur les ondes et surtout d'une extraordinaire exigence stylistique, cette sixième symphonie de Beethoven peut très vite sombrer dans la niaiserie bucolique et très facilement couvrir de ridicule qui abusera des effets champêtres.
Soucieux de mettre en évidence l'unité du style du Beethovénien et de ne pas faire de l'orage (qu'il a voulu très modéré) le centre de l'oeuvre, Christian Arming a misé d'abord sur une lecture probe du texte.
Chacun des cinq mouvements est traité avec un égal souci du détail, et les solos, si essentiels dans cette partition, sont tous l'objet d'une mise en valeur particulière. Le tempo du premier mouvement apparaît particulièrement élégant, mais c'est dans la sublime scène au ruisseau que Christian Arming révéla un sens du fignolage (particulièrement audible au niveau des violons) qui est souvent la marque des grands.
Avant le plat de résistance symphonique, Arming s'était illustré avant l'entracte avec l'Ouverture des Joyeuses Commères de Windsor d'Otto Nicolaï et le Concerto pour violoncelle de Walton où le jeune Steven Isserlis démontra une assurance et une maîtrise au diapason du chef.
Ici, et à l'inverse de la Pastorale, ni l'un ni l'autre n'ont cherché à tirer cette oeuvre vers une unité qu'elle ne peut offrir. Ils se sont au contraire employés à relever la diversité d'une partition qui n'était sans évoquer, par petites touches, la musique de film de Miklos Rosza.
Christian Arming a été l'assistant de Claudio Abbado (pour plusieurs productions avec l'Orchestre des Jeunes Gustav Mahler) et surtout de Seiiji Ozawa avec le symphonique de Boston. Le maître nippon lui en a d'ailleurs confié la direction à plusieurs reprises.
Sur l'estrade, Arming fait preuve d'un charisme évident qui n'est pas sans rappeler un Salonen, voire un certain Herbert von
au même âge.
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