En prélude à la Messe de Janacek, ce concert a débuté par la Symphonie " Inachevée " de Schubert. Depuis qu'il est à la tête du Philharmonique de Radio France, on découvre davantage Myung-Whun Chung dans ce type de répertoire.

Son approche de cette page tellement galvaudée est très personnelle. Le climat romantique général est fait de grondements sourds, d'angoisses étouffées plus que de grands éclats extravertis. En outre, certaines subtilités d'écriture apparaissent comme jamais.

Ainsi, au lieu de mettre les cordes et leur célèbre balancement au premier plan au début du premier mouvement, ce sont les vents qui ressortent et l'effet expressif est totalement convaincant. On ne s'attendait pas à de semblables découvertes qui se multiplient tout au long de l'oeuvre sans que celle-ci soit pourtant agressée ni dénaturée (1).

Aux antipodes du romantisme schubertien, la Messe Glagolitique de Janacek est hymne concis, puissant et optimiste, tout entier dédié à la glorification du monde slave. C'est d'ailleurs l'utilisation de la vieille langue slavone qui justifie le terme de Glagolitique.

Chung en a donné une vision encore plus éclatante et vaillante que celles que l'on connaissait jusqu'à présent, elle a aussi été abordée avec beaucoup de science par tous les protagonistes. Peut-être pourra-t-on seulement faire à Chung le même type de reproche que pour sa direction d'Otello au Châtelet.

Avec des forces musicales aussi importantes et une écriture aussi généreuse, ne vaudrait-il pas mieux calmer un peu le jeu au lieu de jouer en permanence la carte du fortissimo ? Ce n'est qu'une restriction anecdotique car l'interprétation d'ensemble fut remarquable de cohésion et d'une énergie finalement communicative, bref du Glagolitique flamboyant.


(1) Lire aussi l'avis de Jacques Duffourg sur cette même oeuvre interprétée dix jours plus tard par les mêmes.