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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Récital du Quatuor Takacs au Théâtre de la Ville.
Idylle en ville
© Keith Saunders
Il y a comme une idylle prolongée entre le Quatuor Takacs et le Théâtre de la Ville, lequel invitait début décembre, et pour la douzième fois consécutive, cette formation née en Hongrie, mais aujourd'hui quasiment naturalisée anglaise depuis que le violoniste Gabor Takacs-Nagy a repris sa liberté.
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Créé par quatre étudiants de l'Académie Franz Liszt de Budapest, en 1975, presque anglaise depuis que Edward Dusinberre et Roger Tapping ont remplacé le défunt altiste Gabor Ormai et le fondateur Gabor Takacs-Nagy, les Takacs restent aujourd'hui très haut placé dans le Parnasse des quatuors à cordes.
Leur annuel concert parisien a débuté avec l'ut majeur opus 74 n° 1, lequel appartient à une série de six quatuors composés par Haydn en Autriche en 1792-1993. C'est l'un des plus fréquemment joué de la série et il est caractérisé par un finale d'une vigueur sensationnelle. Ici, le premier mouvement est abordé avec légèreté, une sorte de grâce juvénile qui évite tout pathos.
La profondeur du second mouvement tranche avec le début. Le dernier laisse entrevoir ce qui fascina tant Mozart chez son confrère et précurseur du genre quatuor : derrière l'énergie se cache une architecture complexe dont la façade semble seulement vigoureuse et simple. Dissimuler l'art avec l'art lui-même.
Pour l'auditeur d'aujourd'hui, il y a aussi une étrangeté chronologique qui évoque Brahms avant l'heure. La verve et le mordant des Takacs ne se privent pas de la souligner.
Avec Britten et son quatuor n° 3 opus 94, les Takacs créent la rupture, en donnant de cette oeuvre une lecture transparente, épurée, quasiment mystique ; comme en écho apaisé de la mort du compositeur, survenue quinze jours avant la création de l'oeuvre (en 1976 par le Quatuor Amadeus).
Le violoncelle visionnaire d'Andràs Fejér occupe avec justesse la place prépondérante offerte à son instrument (la voix du compositeur ?). Si le Burlesque est inspiré du Rondo Burleske de la Neuvième Symphonie de Mahler, c'est dans son propre opéra Mort à Venise, que Britten a puisé pour la Passacaille finale. Sa Muse l'avait manifestement instruit des projets de la Camarde.
Avec le Quatuor en la mineur opus 51 n°2 de Brahms, le pont entre ce dernier et Haydn est consolidé. Les qualités des Takà cs n'en transpirent que mieux : le pathos slave, les langueurs, les passions, les couleurs tziganes, en particulier dans le Finale.
En donnant en bis l'Allegro Pizzicato du quatrième quatuor de Bartok, rempli d'humour et de malice, cet ensemble a achevé son rendez-vous amoureux avec le public attentif et enthousiaste d'un Théâtre de la Ville plein à craquer, comme chaque fois.
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Théâtre de la Ville, Paris Le 06/12/2001 Juliette BUCH |
| Récital du Quatuor Takacs au Théâtre de la Ville. | Joseph Haydn : Quatuor n° 72 en ut majeur, op. 74 n°1 (Quatuor "Apponyi" n° 4)
Benjamin Britten : Quatuor n°3, op. 94
Johannes Brahms : Quatuor en la mineur, op. 51 n°2
Quatuor TakĂ cs
Edward Dusinberre, violon
KĂ roly Schranz, violon
Roger Tapping, alto
Andràs Fejér, violoncelle | |
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