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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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RĂ©cital du Trio Wanderer Salle Gaveau.
Copieux concert Ă Gaveau
© Chant du Monde
Invité à Salzbourg l'an prochain, le Trio Wanderer est en passe de s'imposer comme un ensemble de référence. Invité par la Salle Gaveau fin novembre dernier, il a toutefois démontré une maturité plus accomplie dans le romantisme d'un Brahms que dans le classicisme de Haydn et Beethoven.
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Le concert débutait avec le trio Hoboken XV : 27 de Joseph Haydn que les Wanderer viennent justement d'enregistrer pour l'éditeur Le Chant du Monde. Publiée à Londres en 1796, l'oeuvre était dédiée à la pianofortiste virtuose Theresa Jensen-Bartolozzi, ce qui explique la place prépondérante occupée par le clavier.
Les Français en ont donné une interprétation oscillant sans cesse entre véhémence romantique outrancière et langueur déliquescente, avec un usage abusif de la pédale au piano, et beaucoup de vibrato au violon. L'Andante a été exécuté de manière linéaire et fluide, sans vraiment ménager les respirations et porter l'attention requise aux articulations, si importantes dans la musique de Haydn.
Attaqué dans un tempo extrêmement rapide, le Finale a fait l'objet d'une lecture au premier degré ne rendant pas vraiment justice à l'humour et à la verve populaire de la partition. On aura également été quelque peu surpris de l'emploi massif du ricochet au violon, coup d'archet techniquement irréalisable sur les instruments en usage à la fin du XVIIIe siècle. Ainsi, en dépit d'une mise en place très propre, ce Haydn aux accents schubertiens ne fut pas très convaincant.
Également tributaire de l'esthétique du XIXe siècle, Le trio Op. 1 n° 3 de Beethoven a souffert des mêmes défauts. Rappelons que cet ouvrage, destiné au comte Lichnovsky, composé fin 1793 ou début 1794, est donc antérieur d'au moins deux ans au trio de Haydn. Les violents emportements de l'exposition de l'Allegro con brio sont plus l'écho d'un Sturm und Drang finissant que les prémisses d'un romantisme naissant, et l'omniprésence de la pédale et du vibrato était là aussi anachronique.
L'Andante con variazioni fut heureusement abordé dans un mouvement très allant, mais on remarqua des pizzicati souvent décalés au violon. Le Menuet et le Prestissimo finale ont été nettement mieux posés, avec des ornements (trilles, gruppetti) impeccables au piano, et un violoncelle volubile à souhaits.
Le tournant du concert
Après l'entracte, le concert allait prendre une autre tournure. À l'instar de l'ouvrage de Beethoven, le Trio en Si Majeur op. 8 de Brahms est un " péché de jeunesse ", commis en 1854 et entièrement remanié en 1889. Conçu initialement comme un hommage à Beethoven et à Schubert, il opérait divers emprunts aux cycles de mélodies An die ferne Geliebte et Schwanengesang, lesquels furent supprimés dans la version de 1889.
Tout à son affaire dans l'univers de Brahms, le Trio Wanderer a fait montre d'une saine énergie sans jamais tomber dans un romantisme échevelé. Mais pour être dynamique, le jeu des Wanderer n'en demeura pas moins subtil et retenu, évitant la mièvrerie larmoyante auquel l'Adagio pouvait inviter. En regard des Haydn et Beethoven, le violoncelle plus présent et chaleureux de Raphaël Pidoux parut même transformé.
Deux bis pour clore la soirée de ce Trio isocèle : le Finale du Trio n° 2 en mi mineur op. 92 de Saint-Saëns et l'Andantino du Trio en ré mineur Op. 120 de Fauré. Virtuosité magistrale du violon pour le premier, raffinement, sobriété et goût pour le second ; autant d'arguments pour repartir sur des notes réjouies et sereines à l'issue d'un copieux concert de plus de deux heures.
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Salle Gaveau, Paris Le 20/11/2001 Romain FEIST |
| Récital du Trio Wanderer Salle Gaveau. | Haydn : Trio Hob. XV : 27
Beethoven : Trio Op. 1 n° 3
Brahms : Trio en Si Majeur op. 8
Trio Wanderer
Vincent Coq, piano
Jean-Marc Philips-Varjabedian, violon
Raphael Pidoux, violoncelle | |
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