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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Reprise de La Belle Hélène de Jacques Offenbach au Théâtre du Châtelet.
Une Hélène pour philosopher
Katarina Karnéus (DR)
Créé en septembre 2000 au Châtelet, cette La Belle Hélène de Laurent Pelly et Marc Minkowski avait divisé la rédaction d'Altamusica. À plus d'un an de distance, Roger Tellart se joint au concert avec plein de louanges dans sa hotte, sinon pour Katarina Karnéus qui reprend le rôle titre après Felicity Lott.
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Mais d'abord, comme on est content de la retrouver, cette Belle Hélène, cause de tous les malheurs de la Grèce, dans la vision follement libérée et " déjantée " de Laurent Pelly, qui habille d'une stimulante actualité balnéaire l'oeuvre-fétiche d'Offenbach !
Une farce décapante y agit, l'aventure dérapant implacablement vers la mécanique de l'absurde, au gré d'un spectacle où antiquité et modernité s'entrechoquent dans un délirant songe ludique et déluré. À commencer par la chorégraphie de Laura Scozzi qui s'avère toujours aussi efficace dans sa gestuelle et ses dysfonctionnements branquignolesques (les intrusions d'un groupe de touristes-charter dans le débat Ménélas-Hélène !). Et l'impayable troupeau de moutons voyeurs, à l'écoute du tendre rêve partagé, à l'acte II, par la reine et l'audacieux Pâris, a toujours le même effet hilarant sur une salle captivée par les cent trouvailles de cette lecture furieusement décapante.
Aussi bien, au bonheur – sans redite ni vulgarité – de la mise en scène et en images, répondent les joies apportées par le travail de l'équipe musicale. Dans la fosse, Marc Minkowski a encore affûté son approche de la partition, avec des Musiciens et des Choeurs du Louvre-Grenoble plus que jamais performants, acérés.
Les uns et les autres ayant l'instinct du juste style (et son) Offenbach, de ces brusques accélérations qui emballent scènes et situations et enfièvrent le chant sur des rythmes vrillants, haletants. Et si, dans le camp des voix solistes, la formidable incarnation de Dame Felicity Lott, dans le rôle-titre, a fait place à la composition, disons plus prévisible, de la mezzo suédoise Katarina Karnéus, tous les autres acteurs de l'an passé sont là , comme à la parade.
Ainsi de l'Agamemnon incroyablement tonique de Laurent Naouri, du Calchas de François Le Roux qui sait l'humour ravageur au second degré, du ténor de charme de Yann Beuron dans le rôle de Pâris, du Ménélas de Michel Sénéchal, toujours aussi finement dérisoire en ganache royale. Sans oublier Magali Léger et Maryline Fallot qui jouent à plaisir les beautés pulpeuses dans le tandem sexy des courtisanes.
On ne se souvient par forcément que le fameux philosophe allemand Nietzsche était passé, sans transition, d'une passion bouillante pour Wagner à une ferveur non moins brûlante pour Offenbach. Avec le recul, on réalise, grâce à Laurent Pelly, qu'il y a dans cette Belle Hélène bien de la matière pour philosopher, surtout dans les boudoirs.
Lire aussi les commentaires de Michel Parouty et Gérard Mannoni lors de la création du spectacle.
Pour ceux qui ont manqué le spectacle parisien, il a été enregistré en vidéo et se trouve maintenant disponible en DVD chez l'éditeur TDK (ref : DV-OPLBH Distribution : Intégral).
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| Le 17/12/2001 Roger TELLART |
| Reprise de La Belle Hélène de Jacques Offenbach au Théâtre du Châtelet. | Opéra-bouffe en trois actes
Livret d'Henri Meilhac et Ludovic Halévy
Créé le 17 décembre 1864 au Théâtre des Variétés
Les Musiciens du Louvre – Grenoble
Choeur des Musiciens du Louvre
Direction musicale : Marc Minkowski
Mise en scène et costumes : Laurent Pelly
Décors : Chantal Thomas
Chorégraphie : Laura Scozzi
Dramaturgie et adaptation des dialogues : Agathe Mélinand
Lumières : Joël Adam
Hélène, reine de Sparte : Katarina Karnéus
Pâris, fils de Priam : Yann Beuron
Ménélas, roi de Sparte : Michel Sénéchal
Agamemnon, roi d'Argos : Laurent Naouri
Calchas, grand augure de Jupiter : François Le Roux
Oreste, fils d'Agamemnon : Stéphanie d'Oustrac
Achille, roi de Phtiotide : Gilles Ragon
Ajax I, roi de Salamine : Alain Gabriel
Ajax II, roi des Locriens : Laurent Alvaro
Bacchis, suivante d'Hélène : Aurélia Legay
Parthœnis, courtisane : Magali Léger
Léœna, courtisane : Maryline Fallot
Philocome (rôle parlé) : Christophe Grapperon
Ce spectacle a été gratifié d'un Victoire de la musique 2001 et du titre de Meilleur spectacle lyrique de l'année décerné par le Syndicat de la critique dramatique et musicale.
Dernière représentation le 5 janvier 2002. | |
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